Hier apanage des babas cool, l’écotourisme fait désormais les yeux doux à une nouvelle clientèle en quête de retour à la nature et d’authenticité. De la cabane dans les arbres à la yourte, en passant par la maison flottante ou encore la roulotte, on vous dit tout sur la tendance du moment.
L’écotourisme ou tourisme vert est une forme de tourisme durable qui se pratique la plupart du temps au sein de petites structures, dans des zones naturelles et préservées. Les valeurs défendues par l’écotourisme sont la préservation de l’environnement et la valorisation du territoire et de l’économie locale. « Il n’y a pas si longtemps encore, le tourisme responsable pouvait faire peur. Le tourisme responsable n’a rien à voir avec l’humanitaire, ça reste des vacances, de bons moments » explique Laetitia Santos, du site Babel Voyages. Car si la démarche de l’écotouriste est responsable, elle n’en est pas moins hédoniste. Voyageur consciencieux, curieux, qui privilégie la rencontre humaine, la découverte et le respect de la nature, l’écotouriste est avant tout un vacancier qui a simplement envie de vivre une expérience insolite et de se ressourcer. L‘écotourisme répond également au désir d’un retour à des valeurs plus authentiques et plus saines, éloignées des artifices développés par les sociétés de consommation.
« Ressentir les choses plutôt que les consommer ! Nos clients ont besoin de revenir à leurs racines » explique Marielle Teyre-Kirat, fondatrice d’Aqualogis. Pour ces touristes, l’éloignement du tumulte des grandes villes apparaît comme une évidence. Rien de tel qu’un havre de paix niché en pleine nature pour changer d’air, s’écouter, se retrouver et se déconnecter. Choisir un lieu de villégiature écotouristique, c’est redécouvrir le plaisir simple de vivre en harmonie avec la nature. On se laisse bercer… Un retour à la simplicité synonyme de confort, c’est ce que propose l’écotourisme. Dans les meilleures conditions, profiter de tous les attraits d’une nuit en pleine nature. Mais sans ses inconvénients ! Pas étonnant alors que l’écotourisme attire une nouvelle clientèle, plus exigeante. Une clientèle en quête d’aventure jusqu’alors rebutée par le manque de confort du camping traditionnel. Pas de proximité avec les autres campeurs, ni de soirées kitch à la lueur des lampions, les vacanciers recherchent la tranquillité et le silence des grands espaces.
Bref, un endroit où ils ont la sensation d’être seuls au monde. Mais simplicité ne rime pas avec austérité. Décoration sobre (mais soignée), attention portée aux moindres détails, etc. Les structures écotouristiques n’ont rien à envier aux grands hôtels quand il s’agit de chouchouter leur clientèle. « Les vacanciers recherchent le contact, l’humain, des choses qu’ils ne trouveront pas dans les complexes hôteliers » observe Laetitia Santos. Les sens en éveil, dans un cadre idyllique et relaxant, après une nuit reposante, il est possible de déguster un petit déjeuner maison, de profiter d’un massage, etc. Ces petits luxes qui ne perturbent pas la nature sont devenus la nouvelle friandise des couples chics. Véritables nids d’amour, ces hébergements sont aussi des terrains de jeux grandeur nature. Grimper dans un arbre, dormir dans une cabane, une yourte ou une roulotte en lisière de forêt ravit aussi bien les petits que les grands. Tous ont la volonté de s’évader du quotidien, sortir des sentiers battus. Et pour ça, inutile de partir à des milliers de kilomètres. Hissées à la cime des arbres, les cabanes sont des formules très prisées par les Robinsons Crusoés. Perdu dans l’immensité de la nature, parfois au milieu d’arbres centenaires, on vit pleinement son rêve d’enfant. Prune Gouet a eu l’idée de créer Natura Cabana, un village de cinq cabanes implantées dans le parc du château de Malleret, propriété viticole de renommée mondiale.
« On se laisse surprendre par les bruits de la nature, prêtant l’oreille aux pas des chevreuils venus près du ruisseau pour se rafraichir » raconte la propriétaire. Dans les cabanes, ni électricité ni eau courante. Toilettes sèches, lampes à pétrole, draps recyclables, etc. Prune Gouet a pensé à tout. « Notre priorité reste de proposer des cabanes confortables, jolies et qui sentent bon ». Les cabanes sont ouvertes toute l’année puisqu’elles sont chauffées l’hiver. Les visiteurs apprécieront de trouver au pied de leur cabane un délicieux panier petit-déjeuner, livré à pied, bien sûr…
Ce contact privilégié avec la nature peut être combiné au luxe d’un hôtel chic. C’est en vous contant l’histoire de ce petit passage bucolique, ancien chemin de charbonnier, situé au cœur du village sidérurgique et des jardins des Forges des Salles, qu’Emmanuelle de Trogoff vous conduira à son petit coin de paradis. Chaque année, quelques 12 000 visiteurs se pressent pour visiter le bâtiment classé. Les plus chanceux passent la nuit au cœur du parc. Un pont de singe permet d’accéder sans trop d’acrobaties, à des cabanes perchées à 12 mètres de haut. « Surplombant depuis la terrasse l’immense forêt, nos visiteurs se sentent comme les princes d’un petit royaume. Pour eux, nous sommes des producteurs de joie, de plaisir et de souvenirs » se plait-elle à expliquer. Sur leur domaine, les propriétaires n’utilisent pratiquement que des matières naturelles, des cabanes bâties avec des essences de bois imputrescibles, aux poêles à bois très appréciés par les visiteurs auxquels l’odeur et le bruit du bois qui crépite rappelle l’enfance.
Selon Emmanuelle de Trogoff, les touristes ne sont pas des militants écologistes mais davantage, des personnes qui cherchent à s’isoler en famille ou en amoureux. Ce cadre idéalement silencieux attire aussi les adeptes de méditation. Il n’y a pas que les cabanes qui grimpent dans les arbres. Les toiles de tente aussi. Sur l’île de Groix, dans le Morbihan, est né le premier parc de marins au monde. Passionné par les cabanes depuis tout petit Cédric Chauvaud, fort de son expérience de marin, s’est inspiré du nid de la mésange pour concevoir un habitacle doté d’une structure en bois entourée de toiles et bardée de pins. Dans un parc de plus de 3 hectares, d’immenses toiles d’araignée tendues au-dessus du vide, accueillent les nids.
Afin de protéger les arbres, ces anciens marins ont mis au point un système de rondins qui, tout en laissant respirer les arbres, les aide à supporter le poids des nids. « Des petites îles dans une île » comme les appelle Cédric Chauvaud. Seulement équipés d’un matelas rond et entourés d’une terrasse en filets, les nids donnent l’impression de dormir dans les bras de dame nature. Une nuit sous les étoiles bien méritée après une journée passée à courir et sauter dans les installations d’évolution acrobatique du Parcabout® voisin. Si l’idée de vous percher dans les arbres vous déplait, celle de dormir sur l’eau vous séduira peut-être. Les hébergements flottants représentent un nouveau marché. Aux allures de maisons-nénuphars, les Aqualogis, entre vignobles de Bourgogne et parc naturel du Morvan (71), sont de véritables gîtes de charme.
BBC, ces deux maisons flottantes s’inscrivent dans une démarche respectueuse de l’environnement. Intérieur en bois contemporain, micro station biologique autonome, elles ont été conçues par la propriétaire des lieux en personne. « Dormir dans une de nos maisons sur l’eau offre le spectacle d’une scène naturelle animée en permanence. Et séjourner sur une petite île reproduit le phénomène de la vie à bord d’un bateau, un univers clos où l’on tisse des liens plus forts qu’à terre. De véritables antidépresseurs naturels ! Les maisons sont un remède en soi, l’eau de l’étang agit comme un miroir et permet de démultiplier la lumière à l’intérieur de la maison… Le bercement naturel du mouvement de l’eau, imperceptible physiquement, est rassurant. Il aide les insomniaques ainsi que les bébés qui ont du mal à faire leur nuit à s’endormir paisiblement » explique Marielle Teyre-Kirat. Les Aqualogis offrent également la possibilité de découvrir les plaisirs de la maison bois et attirent aussi ceux qui se projettent dans la construction. Retour sur la terre ferme. Zoom sur des formules qui nous viennent de loin, les roulottes et les yourtes. Symbole de l’enfance, la roulotte, qui n’est autre que l’ancêtre du camping-car, est la formule idéale pour ceux qui souhaitent préserver leur indépendance.
Équipées de salle de bains, de toilettes et de petites cuisines, les roulottes sont de véritables maisons miniatures. C’est la souplesse de la formule qui a attiré Aline Aufray lorsqu’elle a créé les roulottes du Brionnais. Plus originale encore, la yourte connait un grand succès. Également appelée « ger », elle est depuis le 15ème siècle, l’habitat principal des peuples nomades d’Asie centrale. Elle est depuis quelques années la chouchoute des écotouristes. Conçue pour être montée et démontée rapidement et supporter des températures extrêmes, la yourte se constitue la plupart du temps d’une armature en mélèze et d’une isolation en feutre de laine recouverte d’une bâche de coton, maintenue par de solides cordes en crin de cheval et des liens en cuir de chameau. Décorée avec des meubles traditionnels mongols, la yourte est une divine invitation au voyage. Malgré ses prix attractifs, l’écotourisme attire majoritairement une catégorie sociale supérieure. Alors, l’écotourisme, est-il une simple tendance bobo chic ou a-t-il de beaux jours devant lui ? Selon Laetitia Santos, « on ne peut pas continuer à voyager comme ça. De nombreuses destinations vont être engorgées, la nature et les populations sont mises à mal par le tourisme, il faut trouver des solutions pour faire face. L’écotourisme ne peut pas être un phénomène de mode, il va devoir s’ancrer ». Aux problèmes de l’urbanisation grandissante, du stress, du bruit et de la pollution, l’écotourisme apporte une réponse aussi évidente que séduisante : se faire du bien, naturellement.
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