Le Grand Palais éphémère, construit en bois lamellé-collé, se dresse sur le Champ-de-Mars. Du 15 au 17 juillet prochains, il accueillera le Forum International Bois Construction. Imaginé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, il remplacera ainsi la nef du Grand Palais historique, en cours de rénovation. Pendant trois ans, le bâtiment modulaire de 10 000 m² servira d’écrin à de multiples événements. Retour sur ce chantier bois hors norme.
La Dame de Fer et l’École Militaire doivent désormais composer avec un nouveau venu, dans le paysage du Champ-de-Mars. Du haut de ses 20 mètres, le Grand Palais Éphémère n’est pas de taille à leur faire de l’ombre. Mais, sa structure bois fait déjà parler d’elle par sa technicité.
Une structure bois réalisée en 6 mois
Les charpentiers de l’entreprise Mathis ont œuvré durant 6 mois pour préfabriquer, assembler au sol puis lever cet impressionnant squelette. L’architecture du grand palais éphémère en bois dessine une croix. Elle se compose donc d’une nef de 140 mètres de long, pour 51 mètres de large. Et d’un transept, de 100 mètres de long pour 33 mètres de large.
« La structure est constituée de 44 portiques en lamellé-collé préfabriqués en usine, pouvant atteindre des portées de 31, 50 et 65 mètres. En tout, 1500 m3 de bois et 130 tonnes de pièces d’assemblages ont été mobilisés pour sa fabrication », détaille le PDG de l’entreprise, Frank Mathis.
Le bois provient d’Europe, de l’Épicéa pour les parties protégées, et du Douglas pour les pièces exposées aux intempéries. « Nous avons choisi le bois parce qu’il est renouvelable, avec une maîtrise et un suivi de la qualité du bois et de la gestion des ressources. Il offre une grande souplesse de conception grâce au lamellé-collé. Cela permet d’avoir un design maîtrisé et de réaliser des grandes portées. Il offre aussi une structure plus légère qui réduit les impacts sur le Champ-de-Mars, tout en permettant une optimisation constructive avec beaucoup de préfabrication », explique Benoît Bautheney, manager de projet tout corps d’état, au sein de l’entreprise Chabanne Ingénierie.
Mettre en scène le bois
Particularité esthétique : les portiques de charpente resteront visibles, pour les visiteurs, à travers une membrane transparente en PVC et ETFE (éthylène tétrafluoroéthylène), 100 % recyclable. « Le bois a une vraie noblesse que nous avions envie de mettre en scène et de sublimer », justifie Louis Lafargue, architecte de l’agence Wilmotte et Associés, en charge du projet. « Les formes arquées des nefs sont ainsi un clin d’œil aux arches de la Tour Eiffel. Leur galbe donne un côté doux et délicat au bâtiment qui vient se poser dans un contexte végétal existant, sur le parvis Joffre ».
À l’intérieur, le bâtiment se répartit entre un espace d’accueil de 430 m², un hall principal de 8450 m² et un salon Eiffel sur deux niveaux de 490 m² chacun. « C’est une salle polyvalente qui accueillera des usages très différents », rappelle Christophe Veau-Cahon, directeur général de GL Events, propriétaire du bâtiment.
Tous les événements habituellement organisés dans la Nef du Grand Palais historique, par la RMN (Réunion des musées nationaux – Grand Palais) s’y dérouleront : le Forum de la Construction Bois, la FIAC, le Saut Hermès, Art Paris, Art Fair et certaines épreuves des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. « L’un des grands enjeux était de répondre aux exigences de performances énergétiques et acoustiques d’un bâtiment durable qui est démontable et modulable », explique Benoît Bautheney.
Le Grand Palais Éphémère en bois : durable et écologique
Pour son isolation, l’enveloppe comprend un complexe en sandwich laine de roche-plâtre-laine de roche, complété d’une toile acoustique. « Sur l’approche énergétique, tous les équipements techniques sont réutilisables. On a pris le parti de ne pas se raccorder au réseau urbain, car ça n’aurait pas eu de sens pour 4 ans, avec des travaux trop lourds et un risque de déséquilibrer le réseau urbain ». À la place, le rafraîchissement et le chauffage du bâtiment se font à l’aide d’une PAC air/eau. Le plénum entre la charpente en treillis et sa double peau servira à la ventilation.
« Le bois, c’est un matériau de construction très performant, c’est le futur de la construction. Nous économisons l’équivalent d’environ 3500 tonnes de CO2 comparée à une structure métallique. Et nous pourrons, en plus, lui donner une seconde vie », rappelle Benoît Bautheney. « Ce n’est pas parce qu’un bâtiment est temporaire, qu’il doit être jetable », confirme Emmanuel Marcovitch directeur général délégué RMN – Grand Palais. « Après les Jeux Olympiques, il sera démonté pour être reconstruit selon les besoins, par d’autres collectives, pour créer des enceintes sportives et culturelles ».
Texte : Claire Thibault – Photos : © Patrick Tournebœuf – Tendance Floue
Source : Architecture Bois N°102
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