L’année 2020 restera dans les mémoires des constructeurs de maison en bois en Normandie comme une année singulière. Contre toute attente, leur activité s’est maintenue voire renforcée, même si le profil de leurs clients a évolué, tout comme leurs attentes. Témoignage de Pascal Roussel, gérant d’une entreprise de construction de maison en bois.
« Les premiers salons sur la maison en bois en Normandie, auxquels nous venons de participer, indiquent un intérêt très net pour la construction bois. Au salon de l’Habitat de Caen, notamment, notre stand n’a pas désempli contrairement à ceux de constructeurs traditionnels qui ont été désertés. Les organisateurs de la manifestation, eux-mêmes, ont été surpris de cet afflux bien plus important.
Un intérêt réel vers la maison en bois
De fait, depuis la fin du confinement, les demandes de renseignement sur les maison en bois, affluent. Les gens viennent avec une réelle volonté de faire construire en ossature bois. Ils posent plus de questions sur les matériaux biosourcés. Ils ont le projet de vivre dans une maison économe en énergie et saine. Leur démarche est sérieuse et fondée. Ce qui n’a pas toujours été le cas.
Pendant la période de confinement, beaucoup de demandes d’information nous sont parvenues. Nous y avons répondu au mieux. Aujourd’hui, ces échanges génèrent un nombre de prospects et de contacts important. Il s’agit, pour partie, de primo-accédants. C’est une clientèle qui se faisait plutôt rare avant le confinement. Il s’agit autant de jeunes trentenaires avec un budget serré que d’une clientèle plus aisée qui n’avait pas encore pensé accéder à la propriété. Leurs objectifs, leurs motivations, sont sensiblement les mêmes. Même si les uns envisagent une surface de maison plus importante et que les autres ont un peu moins d’exigences en raison de leur budget. C’est une clientèle renseignée qui sait ce que l’on fait et ce que l’on est capable de faire.
Nous préfabriquons entre trois et quatre maisons par mois, soit bioclimatiques, soit passives. Nous installons des VMC (ventilations mécaniques contrôlées) peu énergivores autant que des VMC double flux. Comme moyen de chauffage, à supposer qu’il faille en mettre un, nous privilégions les poêles à granulés. Le besoin de changer d’air des gens est manifeste. Les agences immobilières n’ont plus de maisons à vendre, les terrains sont devenus une denrée rare.
Mais la clientèle que nous rencontrons ne montre aucune inquiétude face à l’avenir. Ce sont des gens lucides qui ne veulent pas poursuivre les erreurs du passé et tourner le dos à la planète. Ce sont des personnes décidées à prendre soin d’elles comme des générations futures.
Orienter les clients vers la maison de demain
En ce qui nous concerne, la Covid n’a pas influencé notre façon de concevoir l’habitat. AMC est une entreprise en réflexion permanente. Nous travaillons en fonction du terrain, de son exposition, de l’altimétrie, des vents.
La RT 2012 nous impose, dans le cadre des tests d’infiltrométrie, de ne passer dépasser 0,60 hPa (hectopascals). Les maisons AMB sont bien plus performantes, avec des résultats en permanence en-dessous de 0,20h Pa.
Depuis trois ans, nous travaillons sur la RE 2020. On essaie de ne jamais être pris de court par les nouvelles règlementations, thermique ou environnementale. Notre isolation est plus importante de 50% que la norme actuelle. Par rapport à l’inconfort d’été, nous préconisons des brise-soleils extérieurs depuis longtemps. Nous les posons soit à la verticale, soit à l’horizontale.
Dans la région, les températures estivales naviguent entre 25 °C et 30°C, avec quelques pointes rares. Avec des masques bien conçus, bien placés, la température de la maison reste fraîche, sans besoin de climatisation. Notre démarche est, si possible, d’orienter les gens vers la maison de demain plutôt que de rester dans la norme actuelle. En dépit des événements, 2020 aura été une bonne année pour l’entreprise. Il faut en espérer autant de l’année qui s’annonce ».
Propos recueillis par Mireille Mazurier
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