A Lyon, le chantier de reconversion du Grand Hôtel Dieu fait la part belle au bois
Le site de 2,2 ha au cœur de Lyon, est situé en bord de Rhône. Huit siècles durant, ce lieu emblématique a servi de repères aux Lyonnais. Fermé en 2010, le voici qui renaît sous la maîtrise d’œuvre des architectes Claire Bertrand et Albert Constantin (cabinet AIA Associés). Attribué au groupe Eiffage, le projet de réhabilitation, requalification urbaine et réaffectation offre une nouvelle vie à l’édifice.
D’ici quelques semaines, la première tranche de cette reconversion, les espaces de commerce installés dans la Cour du Midi, sera achevée. Ce sont des lieux réveillés et embellis dans lesquels pourront déambuler les Lyonnais, au terme de 43 mois de travaux gargantuesques.
L’occasion de découvrir le savoir-faire de quelques 1200 professionnels dont plusieurs centaines de compagnons et d’admirer la cohabitation réussie entre techniques de rénovation à l’ancienne et technologies innovantes.
Les chiffres sont édifiants : 40 000 m2 de façades remises en valeur, 15 000 m2 de toitures restaurées,1 400 fenêtres restaurées ou remplacées…
Et bien sûr, il y a toutes les parties bois.
Charpentes, planchers, parquets, boiseries d’habillage mural, mobilier d’agencement, le bois est un matériau omniprésent au sein du Grand Hôtel-Dieu, premier hôpital et haut lieu emblématique lyonnais dans lequel exercèrent des médecins de renom, depuis François Rabelais au cancérologue Léon Bérard. Au final, ce sont plus de 11 500 m2 de planchers bois qui sont conservés et réparés, 11 000 m2 de charpentes bois existantes diagnostiqués, traités, renforcés,
L’ampleur de la tâche est impressionnante, aussi bien esthétique avec la mise au jour de planchers bois, la réparation et la restauration des plafonds à la française, que structurelle avec le renforcement d’éléments très dégradés.
Pour rétablir les propriétés structurelles d’origine des poutres bois, différentes techniques ont été employées, après l’application d’un traitement fongicide et insecticide curatif sur les zones attaquées.
Les fentes ont été rebouchées, les parties altérées reconstituées et d’autres remplacées partiellement ou intégralement par des éléments de bois de la même essence.
Mortier de résine, tiges de fibres de verre ou de carbone ont permis de renouveler les structures sans les dénaturer.
Par ailleurs, 4 830 m2 de planchers historiques ont été renforcés par le procédé « plancher connecté bois-béton »* afin d’améliorer leurs capacités de charges, de stabilité au feu et d’acoustique entre les étages. L’intervention a permis de conserver les poutres anciennes et de maintenir visibles les plafonds à la française, en intervenant uniquement sur leur face supérieure.
Ce sont les essences de chêne, de châtaignier et de sapin du Jura qui ont été retenues pour contribuer à cette renaissance, les mêmes essences régionales utilisées pour la construction et le développement de l’édifice depuis 8 siècles.
*Ce procédé mixte consiste à fixer des connecteurs métalliques sur les poutres ou sur le solivage bois du plancher, puis à couler par-dessus, une fine dalle de béton armé. Les connecteurs sont pris dans le béton et l’ensemble constitue un plancher mixte avec les deux matériaux qui travaillent de manière solidaire.
Texte : Mireille Mazurier
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