Alors que la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) devrait entrer en vigueur à l’été 2021, les niveaux d’exigences des futures constructions neuves font actuellement débat au sein du gouvernement et de la filière construction. La filière bois souhaite notamment des engagements forts, sur le volet environnemental.
La RE2020 favorisera-t-elle ou non la construction de logements neufs en bois ? C’est tout l’enjeu de la définition des seuils réglementaires de la RE2020, pour la filière bois.
« En l’état actuel des travaux préparatoires à cette future réglementation, les certitudes manquent sur son niveau réel d’ambition carbone », s’inquiète le Conseil Stratégique de la Filière bois, ce lundi 23 novembre, par voie de communiqué.
« Pourtant, l’enjeu essentiel de réduction de l’empreinte carbone des bâtiments ne pourrait s’accommoder d’une réglementation à minima, donnant en 2021 le signal d’exigences trop faibles et/ou trop décalées dans leurs effets sur la génération suivante ».
Imposer des objectifs clairs
Les professionnels de la construction bois appellent donc le gouvernement à définir des « critères plus ambitieux » et imposer « des objectifs clairs », avec des seuils réglementaires « cohérents avec l’objectif de neutralité carbone à 2050 », indique le CSF Bois.
Pour rappel, l’ambition de la France est de réduire, dès 2030, de 49 % l’empreinte carbone du secteur du bâtiment par rapport à 2015, puis d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Ces objectifs sont inscrits dans sa Stratégie Nationale Bas Carbone.
« Retenir la méthode d’une ACV (Analyse du Cycle de Vie, ndlr.) dynamique pour le calcul des émissions de gaz à effets de serre des produits de construction est une première nécessité, mais sans l’intégration dans le décret de seuils significatifs de stockage du carbone dans les matériaux, cette avancée restera vaine », poursuit le CSF Bois.
Le bois et les matériaux biosourcés en première ligne
Dans le cycle de vie du bâtiment, 60 % du bilan carbone du bâtiment provient de la phase de construction, durant laquelle le premier poste d’émission concerne les matériaux et les équipements, à hauteur de 55 %.
« Face à ce constat, une utilisation accrue du bois et des matériaux biosourcés est la seule solution crédible pour diminuer les émissions carbone », assure le Conseil stratégique de la filière bois.
Le bois et les matériaux biosourcés participent effectivement au stockage du carbone, sont renouvelables, pourvoyeurs d’emplois non délocalisables et issus pour une part importante d’une forêt française gérée raisonnablement et durablement.
« En outre, l’utilisation des matériaux bois et biosourcés dans le bâtiment n’engendre, dans une très large majorité des cas, aucune augmentation des coûts de la construction », rappelle le CSF Bois.
Des exigences renforcées tous les 3 ans
Pour les professionnels, l’ambition de la RE2020 doit être « marquée dès 2021 » avec des exigences « graduellement renforcées tous les trois ans ».
« Il s’agit d’éviter que l’écart se creuse avec les pays voisins de la France, déjà en avance dans le domaine des constructions en bois », justifie le CSF Bois. D’autant que « la filière forêt-bois française est en capacité de répondre à cette hausse de la demande, bénéfique pour l’ensemble de l’économie de la France.
Et de conclure « la RE2020 doit être le signal fort de la détermination de la France à respecter ses engagements internationaux ». Faute de quoi « la crédibilité de la France sur ces enjeux sera questionnée ».