Suite au report de l’application de la RE2020, les réactions des professionnels du bâtiment oscillent entre satisfaction, inquiétude et nouvelles revendications. La filière bois, elle, s’interroge sur ces ajustements, alors que la France vise la neutralité carbone en 2050.
La RE2020 ne fera probablement jamais l’unanimité du côté des professionnels du bâtiment. Les récents arbitrages, dévoilés le 18 février dernier par le gouvernement, ont de nouveau divisé au sein des différentes filières.
Le Comité stratégique de la Filière Bois fait part de son inquiétude, dans un communiqué publié le jour des annonces : « Alors que le Gouvernement affichait des objectifs très clairs pour relever le défi de la neutralité carbone en 2050, en s’appuyant sur un cadre règlementaire strict porté par la RE2020, la filière bois s’inquiète, tant sur le calendrier que sur le fond de cette réglementation »
Pour rappel, le calendrier d’application de la nouvelle RE2020 a été décalé de 6 mois supplémentaires, au 1er janvier 2022. De même que les différentes dates fixées pour l’évolution des seuils d’émissions de carbone. Les dates de 2024, 2027 et 2030, initialement annoncées, devenant 2025, 2028 et 2031.
Selon les professionnels du bois, ces arbitrages entraînent une « perte de visibilité » pour les acteurs de la construction. Sur le fond, « ces décisions laissent la filière interrogative sur la possibilité d’atteindre les objectifs de décarbonation. Au moment où il est urgent d’agir, la filière bois appelle une clarification afin que la France soit à la hauteur des enjeux du changement climatique », souligne le comité stratégique de la filière bois.
RE2020 : 3 points posent question à la filière bois
Les acteurs de la filière bois attendent ainsi des réponses, sur trois points en particulier :
« La mise en œuvre de l’ACV (Analyse du Cycle de Vie) dynamique selon les paramètres retenus à ce jour et présentés au Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique de janvier 2021, est-elle confirmée dans le décret sur la durée de 10 ans ?
Pourquoi déplafonner le seuil carbone pour traiter la problématique de l’inconfort d’été et ne pas avoir une obligation de résultat, ce qui est possible avec tous les matériaux de construction ?
Pourquoi rehausser les seuils d’émission carbone alors que c’est antinomique avec l’objectif de neutralité carbone ? »
La filière bois rappelle également son engagement à accompagner le Gouvernement et tous les acteurs de la construction dans leur réponse aux enjeux de la neutralité carbone, à travers son « Plan Ambition Bois-Construction 2030 ».
Les autres organisations se félicitent des évolutions
Dans un communiqué commun, l’USH, la FPI, le Pôle Habitat FFB, la FFB, la Fédération SCOP BTP, la CAPEB, l’UNSFA et l’UNTEC se félicitent des ajustements présentés par le gouvernement.
Pour ces organisations, le nouveau calendrier est « de nature à faciliter une mise en œuvre progressive et adaptée ».
« Plusieurs ajustements complémentaires restent toutefois en suspens et demandent des réponses pragmatiques, pour adapter les marches à franchir et de cheminer vers une RE2020 véritablement ambitieuse, abordable et durable », ajoutent-elles.
Les signataires militent notamment en faveur d’une ACV assise sur une méthode normalisée « à l’échelle européenne » et « soumise à une clause de revoyure ». Ils demandent également que soient évalués les surcoûts de construction imposés par la nouvelle réglementation.
Sur la mise en place d‘un observatoire national, il « permettra un véritable retour d’expérience », indiquent les signataires. Reste un regret sur « l’absence de l’évaluation des impacts pour l’occupant, et des bénéfices complémentaires qui auraient pu être intégrés à la réglementation ».
Les organisations saluent, pour terminer, la volonté du gouvernement de ne pas exclure la filière du gaz vert de la RE2020, ainsi que certaines solutions industrielles. Elles « devront, par l’innovation, trouver leur place », souligne le communiqué.