Certains professionnels de la construction doutaient que la filière bois soit prête à relever le défi de la RE2020. La filière bois, par l’intermédiaire de son comité stratégique, leur répond avec la publication de son « plan ambition Bois-Construction 2030 ». Découvrez ses 10 engagements, pour répondre aux attentes environnementales dans l’acte de construire.
Alors que la RE2020 fait toujours débat dans le secteur de la construction, la filière bois lance son « plan Ambition Bois-Construction 2030 ». Une manière d’indiquer qu’elle sera bien au rendez-vous de la RE2020, tout en tendant la main aux autres professionnels de la construction.
« Le « Plan Ambition Bois-Construction 2030 » témoigne de la capacité de la filière bois-construction à répondre à la hausse de l’utilisation des matériaux bois et biosourcés », précise le comité stratégique de la filière bois. Avant de lister ses engagements, il rappelle son soutien à l’ambition portée par le Gouvernement avec la future Réglementation Environnementale du bâtiment – dite RE2020.
Un accélérateur pour l’innovation et la mixité des matériaux
« Cette règlementation doit permettre au secteur du bâtiment, qui compte parmi les plus émissifs du pays, de prendre sa part à la décarbonation de l’économie. (…) Cette transition et cet objectif ambitieux constituent un remarquable accélérateur d’innovation et de mixité des matériaux, synonyme de valeur ajoutée supplémentaire pour les métiers et l’économie de la construction ».
Ce marché de la construction mixte représente déjà plus de 10 milliards d’euros de valeur ajoutée créée annuellement, pour la filière bois. Elle représente également 205 000 emplois directs, sur les marchés finaux de la construction durable et bas carbone.
Toutefois, la filière bois veut croire que cette nouvelle RE2020 sera positive pour l’ensemble du secteur : « La mixité assumée des solutions constructives et des matériaux ainsi qu’une accélération des mises en chantier dès que l’incertitude sur les arbitrages de la RE2020 sera levée, profiteront économiquement à l’ensemble de la construction ».
Une forte discorde sur l’ACV
Les débats entre les professionnels sur la RE2020 sont loin d’être clos, alors que le Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Energétique a rendu ce mardi 26 janvier un avis favorable sur la question.
Au cœur de la discorde, le calcul de l’analyse du cycle de vie (ACV). Alors que l’expérimentation E+C-, portait sur une ACV normée, la réglementation veut instaurer une ACV dynamique.
Cette méthode différencie ainsi les matériaux qui émettent du CO2 lors de leur fabrication de ceux qui stockent le carbone et ne le restituent qu’en fin de vie. Une méthode de calcul qui favorise, de fait, l’usage du bois et des matériaux biosourcés. « Aucun matériau n’est aussi vertueux que le bois et les matériaux biosourcés pour réduire rapidement et durablement l’empreinte carbone du bâtiment », confirme le comité stratégique de la filière bois.
Dans ce contexte, les professionnels du bois craignent que le gouvernement renonce ou affaiblisse cette ACV dynamique. Un choix qui serait « catastrophique » selon le comité. « En effet, si l’ACV dynamique, pilier incontournable de la RE2020, devenait facultative (renvoyée à un label) et non réglementaire en 2021, pour n’être ensuite qu’hypothétiquement reconsidérée en 2024, alors la France ne tiendrait pas ses engagements pris lors des Accords de Paris pour le secteur du bâtiment. »
La RE2020 doit permettre au secteur du bâtiment de réduire son impact sur l’environnement, pour lutter contre le changement climatique. L’enjeu est de taille pour le secteur du bâtiment, toujours régi par une norme antérieure aux Accords de Paris sur le Climat – la RT2012 – et frappé par la crise sanitaire et économique.
Les 10 engagements de la filière bois
- Former : « Nous nous engageons à accompagner, dans l’acte de construire, les opérateurs de la famille des bâtisseurs en lien avec les organismes de formation. Nous nous engageons également dans un effort de formation continue de nos professionnels, de l’amont à l’aval. »
- Développer l’emploi : « Nous nous engageons, en augmentant nos capacités de production, à développer l’emploi et à produire de la valeur ajoutée. »
- Mobiliser les volumes : « Nous nous engageons à favoriser les investissements liés au développement des usines de première et de deuxième transformation vers des produits mixtes, combinant le bois à d’autres matériaux, afin de répondre aux exigences du marché en termes de volume. »
- Investir en recherche et développement : « Nous nous engageons vers un effort constant en matière de recherche et développement, allant de l’ingénierie à la conception de produits et systèmes constructifs novateurs, afin de favoriser l’essor des marchés de la construction bois et biosourcée. »
- Développer l’offre en bois français : « Nous nous engageons à favoriser la construction de logements bas-carbone avec une priorité donnée au bois français. »
- Soutenir l’économie des territoires : « Nous nous engageons à développer des acteurs industriels de référence et des capacités de transformation au cœur des territoires français. »
- Favoriser la mixité des matériaux : « Nous nous engageons à relever le défi de l’accroissement de la mixité des matériaux auprès des entreprises de la construction, forts de tous les acquis des programmes démonstrateurs menés depuis plusieurs années. »
- Planter et replanter : « Nous nous engageons à maintenir un effort constant afin de garantir le renouvellement de la forêt française. »
- Réduire les coûts : « Nous nous engageons à maintenir un effort constant afin de massifier l’utilisation du bois et investir dans des outils de production pour diminuer les coûts. »
- Recycler le bois en fin de vie : « Nous nous engageons à investir dans les usines biomasse et à optimiser l’utilisation des produits bois en fin de vie. »