Entre la Loire et un blockhaus, un programme de logements bois aux lignes pures et marquées s’intègre avec finesse dans un environnement hétérogène. Ce programme de logements bois harmonise modernité et diversité architecturale, offrant ainsi un cadre de vie unique.
L’île de Nantes est un secteur en mutation continue. Elle tire parti de son passé et de son patrimoine industriels pour articuler son devenir. L’Atelier Maxime Schmitt Architecte a composé avec ces éléments, appariés à une proche mixité de lieux de vie culturelle et de loisirs – dont les célèbres Machines de l’île –, pour insérer, en retrait du boulevard, un immeuble de 27 logements. Ébène est l’une des deux composantes de l’opération Les Nouveaux Mondes, portée par Bouygues Immobilier Atlantique et la Samoa – l’aménageur du quartier.
On remarque d’emblée la résonance du socle de béton sombre avec son voisin immédiat, le blockhaus DY10 ; cet ancien abri anti-aérien pour les ouvriers des chantiers navals a été reconverti en un espace alternatif de création artistique et culturelle. La matière est massive. Cette avancée reçoit des commerces en rez-de-chaussée et les halls de la résidence. Elle concrétise aussi le lien avec l’artère urbaine. Au-dessus prennent place 3 terrasses, aménagées en zones de verdure pour quelques appartements.
« Nous voulions ensuite traiter une émergence plus légère, correspondant à ce que l’on rencontre sur l’île de Nantes : des horizontales et des verticales. De par son dessin architectural, le bâtiment traduit une légèreté et une dynamique vers le ciel », présente Maxime Schmitt. L’ascension des 5 étages d’Ébène est effectivement matérialisée par une trame progressive, dont les ouvertures varient en hauteur et en largeur. « Un des intérêts de cette façade très tramée – et la raison pour laquelle nous l’avons travaillée ainsi – est qu’elle offre des possibilités de percements à l’endroit où ils sont nécessaires sans qu’il en ressorte une rigidité sur l’esthétique du bâtiment, ni des contraintes », poursuit l’architecte. Si le pignon sur le boulevard accueille des jardins d’hiver, les logements ne se superposent pas à l’identique.
Atypique, leur espace est organisé autour d’un noyau « humide », centralisant les pièces d’eau et de service. « C’est une des caractéristiques d’Ébène, précise Maxime Schmitt, une zone centrale autour de laquelle on peut tourner ; revenir sur ses pas n’est plus indispensable. Cette disposition donne l’impression de vivre dans un appartement plus grand que ce qu’il n’est en réalité et offre de multiples possibilités de personnalisation. Des cloisons acoustiques légères séparent les logements. » Cette singularité a été rendue possible par le schéma constructif imaginé par l’atelier d’architecture.
Il s’agit d’une structure poteaux-dalle en béton sans retombée de poutre, pour de grandes portées ; le contreventement est assuré par les cages d’escalier et d’ascenseur et un voile transversal, puisque Nantes se trouve dans une zone sismique de niveau 3. L’Épicéa compose les bois de charpente et l’ossature des murs manteaux semi-rideaux. Les épines et les corniches bois sont en Douglas.
Le parti pris constructif permet une grande liberté dans le cloisonnement des niveaux, et par conséquent une évolutivité intéressante sans travaux structurels. Pour Maxime Schmitt, « il était important de construire un bâtiment bois qui ne change pas d’aspect. Je ne voulais pas accentuer le grisaillement de la façade dans son contexte. C’est la raison pour laquelle les éléments Douglas ont été peints en usine, chacun sur ses 6 faces. Aucun n’a été retaillé sur le chantier. La peinture est couverte par une garantie décennale, tant visuelle que sur sa durabilité intrinsèque. Nous avons nous-mêmes réalisé des tests durant un an. Et en effet, sur site, rien n’a bougé. »
Quant au choix de la couleur, « celle-ci a suscité de grands débats. Je voulais qu’elle soit assez lumineuse. La lumière est très changeante à Nantes en fonction de la météo ; cet ocre jaune est très doré au soleil et tire sur le marron sous les nuages. Cela donne une vraie vie à ce bâtiment. »
Texte : Caroline Chopart – Photos : Stephane Chalmeau et Atelier Maxime Schmitt Architecte