Vous souhaitez construire une maison bois en Pays de la Loire ? Découvrez l’envers du décor avant de vous lancer ! À travers nos interviews, rencontrez les acteurs qui font la construction bois en Pays de la Loire !
«En Pays de Loire, notre interprofession compte un réseau d’adhérents très important, avec pas moins de 540 membres. Et nous avons une particularité : ce sont les entrepreneurs qui composent l’essentiel de nos adhérents », explique Samuel Rialland, prescripteur bois.
Les Pays de la Loire sont une région du Grand Ouest français regroupant les départements de la Loire-Atlantique, de Maine-et-Loire, de la Mayenne, de la Sarthe et de la Vendée, rassemblés autour de Nantes, une ville bien connue des professionnels de la filière pour son Carrefour International du Bois. La manifestation, qui se tient tous les deux ans, a lieu cette année, du 1er au 3 juin.
Pays de la Loire : un faible taux de boisement
Pour autant, ce territoire n’affiche qu’un faible taux de boisement, avec 380 000 hectares de forêt, soit 12% de surface forestière seulement. Moins, même, que sa voisine bretonne, qui, avec 14%, a gagné en forêt, au cours des dernières décennies. À titre de comparaison, le taux de boisement moyen dans les régions de métropole avoisine 30%). « Nous compensons avec 160 000 km de haies bocagères, l’équivalent de 100 000 hectares de forêt, qui nous assurent une belle ressource, surtout en bois énergie. »
« De fait, la région disposant de peu de forêts, les activités des professionnels du bois ont toujours été tournées vers l’aval de la filière. Nous avons une forte activité en transformation du bois, dans les domaine de l’ameublement/aménagement et de la construction. » Cette démarche est renforcée par l’activité du Grand port maritime Nantes-Saint-Nazaire, premier importateur, à l’échelle nationale, de bois du Nord et de bois tropicaux.
© Pixabay
Maison bois en Pays de la Loire : des constructeurs bois invités à relocaliser leurs approvisionnements
« C’est d’ailleurs par là, que transitent tous nos madriers en bois du Nord qui proviennent de Finlande, témoigne Olivier Boisard, gérant de l’entreprise de maison bois Bois’Art, en Pays de la Loire. C’est le groupe Kontio qui nous les fournit ». Marché de niche, produit de luxe ! « Aujourd’hui, le madrier, c’est 3000€ le m². Mais nous proposons aussi d’autres systèmes constructifs. Ça va de l’ossature en passant par le massif, panneau, poteau-poutre, … toujours en bois du Nord. Car même l’industriel breton qui nous approvisionne ne jure que par la qualité des bois du Nord. »
L’interprofession fait la promotion de la construction bois depuis les années 90, rappelle Samuel Rialland. « Mais il nous aura fallu du temps pour comprendre que la matière première se trouvait à portée de main, dans nos forêts, fussent-elles moins importantes que dans d’autres régions. Aujourd’hui, notre action, c’est d’orienter les constructeurs bois vers les scieries régionales ou nationales pour relocaliser les approvisionnements et ne plus être aussi dépendant de l’international. On ne résout pas le problème, mais on limite son ordre de grandeur ».
Maison bois en Pays de la Loire : des projets mais difficiles à chiffrer
« La Covid nous a apportés beaucoup de travail pendant un an », reconnaît Olivier Boisard. « Mais, depuis le mois de janvier, les quelques contrats que nous avons signés, ne représentent même pas la moitié de notre activité, si je compare avec le nombre de projets signés à la même période, les années précédentes ».
La flambée des prix due à la pénurie des matériaux perturbe tous les projets de construction. « Tous les domaines sont concernés : le bois, l’acier ; dans le béton, ce sont les liants ; dans les menuiseries, c’est l’aluminium. Il y a aussi l’augmentation du gasoil ; pour nous, une maison correspond à trois semi-remorques… Entre les tarifs que l’on annonce à notre clientèle en début d’année, ceux qui figurent dans la demande de prêt à la banque et le budget final, sept mois plus tard, une fois que le permis de construire a été accepté, les chiffres ne correspondent plus. Ça devient très compliqué ».
© So Habitat
Pays de la Loire : une région consommatrice de bois russe
Olivier Boisard n’est pas un constructeur de maisons individuelles CCMIste, il fait du sur-mesure. Cela signifie consulter différents artisans, établir un appel d’offres pour certains lots. Mais la situation actuelle pousse l’entrepreneur à la réflexion : « L’enjeu est d’arriver à préfabriquer en atelier avec du bois massif. Nous travaillons sur ce nouveau concept depuis quelques temps. Nous avons déjà conçu un prototype. C’est encourageant. Nous allons réaliser notre première maison sur site, dans quelques semaines. Si tout se passe bien, nous continuerons à proposer ce concept ».
La spéculation est passée par là, «et la crise ukrainienne n’arrange rien », complète le représentant de l’interprofession. « Nous sommes consommateur de bois russe. En temps normal, cela représente 270 000 m3, environ 10% des importations ». En parallèle, les constructeurs, tous matériaux confondus, doivent faire face à l’augmentation du prix du foncier : « Nous avons connu une petite ruée sur la maison individuelle, mais elle n’a pas duré puisqu’il manque des terrains. Dans notre région, il faut construire du collectif, rénover l’existant. On ne va pas sacrifier des terres agricoles pour construire des maisons individuelles avec jardin et terrasse. Pour autant, le bois a toute sa place dans les projets immobiliers. En collectif, en extension ou en surélévation. D’ailleurs, ce sont des secteurs où il est de plus en plus présent ».
La RE2020 fait évoluer les modes constructifs
Mais depuis le 1er janvier, la mise en place de la RE 2020 a encore compliqué la tâche des professionnels de la construction. « Depuis le début de l’année, nous avons signé trois maisons…dont les permis de construire avaient été déposés dans les dernières semaines de 2021. Ce sont donc des maisons RT 2012 ». En attendant de signer ses premières constructions en RE 2020, Olivier Foucher, à la tête de l’entreprise So Habitat, basée à Saint Herblain, près de Nantes, a pris le temps de faire tester son concept constructif par un thermicien.
« C’est lui qui réalise tous nos tests d’étanchéité. Ses recommandations ne nous ont pas surpris car le concept d’isolation de nos maisons en ossature bois est au point. Mais nous avons décidé d’augmenter l’isolation sous rampants en passant de 300mm à 360mm et de passer à 90mm pour l’isolation du vide sanitaire. Je ne suis pas sûr que nos clients remarqueront vraiment la différence au vu de ce que l’on met déjà ; mais au moins, nous avons l’esprit tranquille ». Olivier Foucher préfère rappeler que le véritable enjeu : « Ce n’est plus le froid que nous avons appris à combattre avec succès », mais les températures estivales : « Nous nous concentrons sur les brise-soleil, les volets roulants et leur gestion. C’est facile de poser une climatisation ; ce que ne se privent pas de faire les constructeurs en conventionnel. Mais, non seulement, je ne suis pas persuadé que ce soit bon pour la planète, en plus, je ne vois pas les petits budgets, les primo-accédants par exemple, investir dans des panneaux photovoltaïques. Ils préfèreront faire poser une installation moins coûteuse, comme une pompe à chaleur, pour gérer le ballon d’eau chaude et les splits. Même si je dois reconnaître que ces appareils sont plus performants que les premiers exemplaires sortis il y a quelques années ». Olivier Foucher, lui, a opté pour l’hydraulique et des solutions plus saines, comme les plafonds chauffants rafraîchissants. « Le contexte est lourd mais il ne faut pas être pessimiste. Les équipes, les clients, tout le monde souffre ; on ne sait pas quand ça va s’arrêter. Mais il faut franchir cette année pour retrouver un peu de sérénité… »
© Olivier Foucher – So Habitat
Pays de la Loire : l’engouement pour le bois est énorme
L’engouement pour le bois est énorme. « À l’interprofession, nous voyons passer des projets extrêmement variés, approuvés beaucoup plus facilement qu’avant. À tel point que notre mission de prescription du bois s’en trouve modifiée. Désormais, nous travaillons sur la massification des projets, sur le développement de la filière, sur la formation des acteurs qui est un énorme enjeu.
La RE 2020, avec sa volonté d’aller vers des constructions plus vertueuses, pousse à une plus grande consommation de bois, de produits biosourcés. La demande en formations est de plus en plus forte ; cela ne concerne plus seulement les architectes ou les maîtres d’ouvrage.
Parmi nos adhérents, de nombreuses entreprises nous envoient leurs directeurs industriels, leurs chargés d’affaires issus d’autres filières de la construction et qui ne connaissent pas le bois. Il peut s’agir aussi de personnel travaillant dans des entreprises de la filière, mais à des postes qui, à la base, ne nécessitaient pas de connaissance en la matière. Aujourd’hui, ces salariés, aussi, doivent être acculturés au bois ».
En Pays de Loire, l’interprofession est financée par la Région, l’Ademe pour le bois énergie, par l’État, « et par les adhérents auxquels nous devons 10% de notre budget. Associées aux recettes du Carrefour du Bois, ces sommes nous permettent d’avoir une autonomie financière. Ou plutôt, nous permettaient, car la manifestation n’a pas pu se tenir en 2018, ni même en 2020, pourtant reportée en 2021. La tenue et la réussite du Carrefour du Bois 2022, seront donc cruciales ».
Texte : Mireille Mazurier
Retrouvez ce dossier et la liste des constructeurs de la région Pays de la Loire et Bretagne dans le numéro 110 d’Architecture Bois.
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