La plupart des gens ont associé la maison bois à un risque plus accru d’incendie. C’est un a priori tenace qui ne décrit pourtant par la réalité. En effet, les maisons en bois comme tout ouvrage, répondent à des normes strictes en matière de sécurité incendie. Mais selon les experts, il vaut mieux un incendie dans une maison bois que dans tout autre type de construction.
Quel est le niveau de sécurité dans une maison bois en feu?
Tous les pompiers le disent, ils préfèrent de loin le bois. Leurs propres règles de sécurité les autorisent d’ailleurs à intervenir plus longtemps dans une maison bois ou sous une charpente en bois, que dans tout autre type de construction.
Pourquoi ? Parce que le bois conserve plus longtemps que les autres matériaux ses capacités de portance. En clair, il ne se déforme pas au feu et conserve ses caractéristiques de résistance.
Au point qu’en Suisse, notamment, les portes coupe-feu sont le plus souvent en bois. La raison ? Il transmet la chaleur 10 fois moins vite que le béton et 250 fois moins vite que l’acier.
Et s’il brûle, sa teneur en eau provoque la formation d’une croûte carbonisée qui fait office d’isolant et freine la combustion. Il se consume donc lentement, à raison de 0,7mm par minute, n’explose pas et surtout, produit peu de gaz nocifs, première cause de décès dans les incendies.
Maison bois et incendie : quelle réglementation ?
En matière de sécurité incendie, la réglementation française est la même pour toutes les constructions qu’ils s’agisse de maison bois, de béton, de brique, de pierre. Elle concerne :
– Les établissements recevant du public,
– Les immeubles d’habitation,
– Les immeubles de grande hauteur.
En outre, cette règlementation impose une tenue au feu de 15 minutes minimum avant effondrement de toutes les habitations individuelles, quel que soit leur système constructif.
Grâce à ses caractéristiques, le bois est considéré comme un matériau fiable. En effet :
- Les pompiers sont autorisés à intervenir plus longtemps sous une charpente bois que sous une structure en béton ou acier,
- Les assureurs n’exigent aucune surprime pour assurer une construction bois contre l’incendie,
- Les collectivités locales choisissent le bois pour la construction de bâtiments collectifs (maisons de retraite, écoles, crèches, gymnases…).
Comment les matériaux sont classés par rapport au feu?
En fonction de leur pouvoir calorifique, les matériaux de construction sont classés en quatre familles, selon l’Eurocode 5 (norme NF EN 13501) allant des matériaux incombustibles (A1) aux matériaux facilement inflammables (D).
Le classement au feu du bois dépend de l’essence (les bois durs et denses s’enflamment plus difficilement que les bois tendres), des dimensions et du taux d’humidité propre au matériau.
Par ailleurs, la résistance au feu requise des structures en bois peut être obtenue en augmentant la taille de la structure, en ajoutant un revêtement de protection, en utilisant un matériau isolant incombustible et en améliorant la résistance au feu de la structure en bois par un traitement ignifuge.
Le traitement ignifuge industriel peut être effectué par pression ou sous vide, par pulvérisation, par brossage ou par trempage.
Pour les panneaux de bois intérieurs et extérieurs, il est courant de réaliser un traitement avec des produits ignifuges. Cela permet d’améliorer la performance d’un produit en termes de combustion. Outre le traitement industriel, l’ignifuge peut également être appliqué manuellement pendant la construction.
Les isolants jouent-ils un rôle protecteur ?
S’ils sont incombustibles, ils ne forment pas de barrière pour autant et la poussière qui s’y accumule peut s’enflammer. Ce sont surtout les traitements ignifuges appliqués aux bois de charpente qui rendent la structure difficilement inflammable.
Qu’en est-il des isolants biosourcés ?
Fin 2016 a eu lieu, au CSTB, le premier essai LEPIR2 (Local Expérimental Pour Incendie Réel à 2 niveaux) réalisé avec des panneaux isolant rigides en fibres de bois (Pavawall de Pavatex). Il a permis de démontrer la non-propagation du feu en façade sur une paroi entièrement bio-sourcée, du gros-œuvre à l’isolant.
Certains produits d’origine végétale nécessitent une transformation industrielle. On leur ajoute aussi des produits chimiques pour assurer un comportement au feu permettant leur utilisation comme matériaux de construction. C’est notamment le cas de la laine de mouton, de la ouate de cellulose, de la paille ou encore des textiles recyclés. Ils font l’objet d’un traitement spécifique pour améliorer leur réaction au feu.
Dois-je mettre un chauffage au bois dans ma maison bois?
Que dire dans le cas d’une maison bois chauffée…au bois ? Que les précautions à prendre concernant une cheminée ou un poêle sont les mêmes que dans les constructions traditionnelles : le conduit, la hotte doivent être isolés, fixés à distance réglementaire des matières combustibles.
Seuls les cheministes qui ont un agrément peuvent installer une cheminée. Il ne faut ne pas y faire brûler des papiers et cartons dont la combustion produit des escarbilles qui peuvent incendier la toiture. Et faire ramoner la poêle ou cheminée chaque année.
Sachez enfin que les incendies sont rarement dus aux matériaux de structure. La plupart du temps, ils sont liés au mobilier de la maison, à l’état des installations électriques ou au comportement des habitants. D’où l’obligation d’installer un détecteur de fumée, par niveau d’habitation. Pensez-y !
Texte Architecture Bois – Mireille Mazurier
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