Selon le baromètre 2020 Qualitel-Ipsos*, dévoilé ce mardi 6 octobre, les Français manquent d’espace au sein de leur logement. Mis en exergue par le confinement, ce manque de mètres carré révèle aussi l’inadéquation des habitats aux nouvelles aspirations des Français, jeunes et moins jeunes. Décryptage.
Pendant le confinement, les habitants de studios ont été deux fois plus nombreux que le reste de la population à avoir eu envie de déménager. Et ils ne sont pas les seuls ! 1 Français sur 5 a éprouvé ce besoin en raison d’un manque d’espace, selon l’Association Qualitel
« Le confinement a été un révélateur et un accélérateur du besoin d’espace des Français », indique Brice Teinturier, Directeur général délégué d’Ipsos France. « 77 % des personnes avec un espace de + de 120 m² et 94 % de ceux qui habitent un logement avec un accès à l’extérieur ont bien vécu le confinement avec un logement jugé adapté », contre 12 % de ceux qui vivent en studio.
Les jeunes et les familles, 1ères victimes du manque d’espace
Sans surprise, les jeunes et les familles sont les premiers à pâtir du manque de mètre carré. « Les 25-34 ans vivent en moyenne dans 91 m² alors qu’ils aspirent à 111 m², soit un écart considérable de 20 m², la taille d’un studio », peut-on lire dans la 4e édition du baromètre Qualitel-Ipsos.
Les 34-44 ans disposent presque de deux fois moins de m2 par personne que les plus de 60 ans : 37 m2 par personne contre 64 m2 par personne en moyenne.
À cette fracture générationnelle s’ajoute une fracture territoriale. Les habitants des zones rurales ont globalement mieux vécu le confinement que les habitants de l’agglomération parisienne.
Un logement souvent inadapté aux besoins
L’étude met ainsi en lumière l’inadaptation des logements aux aspirations des Français, notamment en termes de répartition des pièces.
Alors que 86 % d’entre eux souhaiteraient avoir une chambre par enfant dans leur logement, 41 % des familles (avec au moins deux enfants) en appartement ne le peuvent pas.
Même chose pour le bureau ou le coin bureau. A l’heure où le gouvernement encourage fortement le télétravail, 34 % des Français estiment que leur logement n’est pas adapté et 4 sur 10 ne disposent pas d’un espace dédié.
Une autre source d’insatisfaction est la hauteur sous plafond de l’habitat. Depuis 60 ans, la taille moyenne des Français a évolué de 7 cm. Paradoxalement, la hauteur sous plafond des appartements a diminué de 27 cm, sur cette même période.
Les logements français ne semblent pas non plus conçus pour faire face au vieillissement de la population.
Si deux tiers des plus de 60 ans (67%) souhaiteraient passer le reste de leur vie dans leur logement, ils sont une moitié à considérer que leur habitat n’est pas adapté à une personne âgée.
Les principales raisons évoquées sont la présence d’escaliers ou de marches (76%) ainsi que l’inadaptabilité de la salle de bains (53%).
La maison individuelle a toujours la côte
Attachés à la maison individuelle, les Français doivent le plus souvent se résoudre à vivre en appartement. 58 % des habitants d’appartement aimeraient ainsi habiter une maison. 70% d’entre eux estiment avoir besoin d’au moins une pièce en plus contre 43% des occupants de maison.
Toutefois, cette aspiration se heurte à la réalité du marché immobilier. « Comment satisfaire le désir de maison, de jardins et de terrasses alors que le foncier en ville est toujours plus cher et que la tendance est à la limitation de l’artificialisation des sols ? », s’interrogent les auteurs de l’étude.
Des aménagements intérieurs à revoir dans le logement de demain
L’aménagement intérieur sera donc un enjeu crucial dans le logement de demain. Une très large majorité de Français préfèrerait diminuer la taille d’une chambre ou de la salle de bains au profit du séjour.
Autres sources d’insatisfactions : le rangement (28 % en manquent), la superficie (22%) et le nombre de pièces (21 %).
« Si le manque d’espace est criant, on se heurte à une réalité physique et foncière : on ne peut pas « inventer » des mètres carrés supplémentaires. Cela nous invite en revanche à réfléchir à la conception des logements dans deux directions : une réflexion sur ce qui doit être intégré dans le logement et ce qui doit être partagé avec la résidence ou le quartier (espaces verts, espaces de coworking, voire des espaces de convivialité) et un aménagement intérieur qui soit en phase avec les aspirations des Français (pièce à vivre ouverte, vastes espaces de rangement, logement qui peut évoluer au fil du temps) », conclut Bertrand Delcambre, Président de l’Association Qualitel.
Ajouter ou enlever une cloison, faire évoluer la destination d’une pièce : à défaut de pouvoir pousser les murs, les Français plébiscitent les logements flexibles, dont l’agencement peut évoluer au fil du temps en fonction de leurs besoins. La modularité apparaît ainsi comme une réponse au manque d’espace et devra intégrer au plus tôt les réflexions des concepteurs des logements de demain.
*Pour la 4ème édition du Baromètre QUALITEL, 2 600 personnes, représentatives de la population française âgées de 18 ans et plus, ont été interrogées. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sur des variables de sexe, âge, profession, statuts, région et catégorie d’agglomération). Les interviews ont été réalisées via un questionnaire auto-administré en ligne du 23 avril au 4 mai 2020.
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