Depuis 2013, les investissements pour le climat en France se maintiennent à 32 milliards d’euros et devraient rester stables en 2017, d’après les travaux menés par l’I4CE et publiés ce jour. Mais les besoins sont bien plus importants, selon ce groupe de réflexion fondé par la Caisse des Dépôts et l’Agence Française de Développement, qui appelle à les « augmenter rapidement ».
En 2016 et 2017, l’écart entre les investissements réalisés et les besoins représente de 20 à 40 milliards d’euros, selon le 4e panorama annuel des financements climat en France, publié ce mercredi par l’Institute for Climate Economics.
En effet, il estime qu’en 2017 les investissements s’élèveront à environ 25 milliards d’euros. Un chiffre « insuffisant » au regard de l’objectif que s’est fixé la France via sa Stratégie nationale bas-carbone et sa Programmation pluriannuelle de l’énergie.
L’I4CE estime que les besoins se situent plutôt dans une fourchette comprise « entre 40 et 75 milliards d’euros par an » d’ici 2020 et entre « 50 et 70 milliards d’euros » de 2021 à 2030.
Dans l’ensemble, les investissements pour le climat restent stables depuis 2013, avec toutefois des variations selon les secteurs.
« Dans le bâtiment, les dépenses en matière d’efficacité énergétique sont en hausse continue depuis 2011 et atteignent 14,5 milliards d’euros en 2016. Elles sont principalement réalisées par les ménages », détaille l’Institut. Les aides, subventions et versements jouent aussi un rôle croissant dans le financement des investissements.
En revanche, pour les énergies renouvelables, les investissements sont principalement réalisés par les entreprises. Leur situation reste également stable après une baisse entre 2011 et 2013. Mais « des investissements importants sont nécessaires pour atteindre les objectifs nationaux en matière de changement climatique », souligne l’I4CE dans son rapport.
Ces besoins d’investissement pour le climat sont à rapporter aux investissements totaux dans les secteurs concernés. « L’entretien-amélioration des logements privés représente 50 milliards d’investissements par an (…) ce sont ces dépenses qu’il faut aligner avec les objectifs en matière de climat », commente Benoit Leguet, directeur d’I4CE.
À quelques jours du One Planet Summit, I4CE invite les participants à la conférence à étudier les outils permettant de rediriger les investissements, comme les incitations économiques, fiscales, et réglementaires, ou la création d’instruments financiers adaptés aux besoins des porteurs de projet.
« La France se montre comme le bon élève avec un niveau d’investissement pour le climat annuel qui touche à tous les secteurs essentiels. Cependant, ces investissements ne représentent que la moitié de ce qui serait nécessaire pour atteindre les objectifs nationaux. L’Etat est en train d’identifier le chemin pour y parvenir à travers la révision de la Stratégie nationale bas-carbone. Nous devons rapidement trouver la bonne manière d’employer la réglementation, les instruments financiers et des incitations pour être au niveau de nos attentes. Il faut surtout trouver la meilleure façon d’impliquer les financements du secteur privé car il serait difficile – voire impossible – pour les budgets publics de financer seul les investissements nécessaires », commente Benoit Leguet, Directeur de l’ I4CE.
Depuis 2013, le secteur public conduit plus de la moitié des financements qui soutiennent les investissements.
Photo : Wikimedia Commons – Laurent DAUNE