Le BIM, Travailler ensemble 3.0

Le BIM, Bâtiment et Informations Modélisées, une pratique déjà adoptée dans le BTP Outre-Manche et Outre-Atlantique. En France, l’arrivée du BIM correspond à la mise en place du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB), y compris dans la construction bois.


170 logements bois à Rueil Malmaison © Woodeum/Wilmotte

Le BIM, qu’est-ce que c’est ?

Le BIM fait appel au collaboratif afin d’obtenir la modélisation 3D d’un projet.

Ce dernière est complétée de toutes les données techniques permettant la mise en production de chacun de ses éléments, son assemblage sur chantier puis son exploitation tout au long de son cycle de vie.

L’aéronautique et l’automobile, pratiquent cette méthode depuis plusieurs années déjà.


Maquette Numérique et BIM

Bâtiment bois plus haut du monde

Elles sont souvent confondues, mais ne désignent pas la même chose. La maquette numérique contient deux éléments : une base de données et une représentation graphique du bâtiment. C’est une représentation des caractéristiques physiques et fonctionnelles du bâtiment ou de ces infrastructures.

À la différence d’une simple représentation 3D, la maquette numérique permet, grâce à un minimum d’informations sur les objets présents et leurs propriétés, d’analyser ou simuler certains comportements (comportement mécanique, stabilité, performance énergétique, impact environnemental…).
Le BIM correspond à la méthode de travail. Il permet de partager des informations fiables via une approche collaborative tout au long des phases d’un projet (conception, réalisation, exploitation, démolition). Ce processus de travail collaboratif se fait autour de la maquette numérique qui contient des données intelligentes et structurée.

L’élément majeur du logiciel bim est l’information fournie par chacun des corps de métier associé au projet. Ces informations sont stockées dans la base de données du projet. Cette base s’enrichit au fur et à mesure de l’évolution du projet et de l’expertise des différentes disciplines.


BIM et construction bois


Bâtiment bois plus haut du monde

Le BIM est présent dans les appels d’offres du marché public. Pour répondre à un appel d’offre étiqueté « 100% BIM », les entreprises doivent expliquer comment elles comptent s’organiser, qui est leur responsable BIM, quels sont les formats de livraison (fichiers natifs, au standard international IFC). Elles doivent fournir des informations sur l’utilisation de la maquette numérique, sur le pré-protocole BIM (description des moyens de mise en œuvre du processus numérique, de l’interaction entre les acteurs…). À ce jour, le marché de la maison individuelle n’est pas officiellement concerné. Pour autant, il est important de s’y préparer et toutes les interprofessions de la filière bois organisent des sessions d’information sur le sujet pour motiver les entreprises de construction bois à s’équiper.


« La préfabrication en atelier, qui nécessite précision et anticipation, a induit qu’une grande partie des acteurs de la filière s’équipe en numérique. Les métiers de la construction bois sont généralement équipés depuis longtemps. Sans compter que le BIM sera un véritable coup de pouce pour recruter des jeunes dans nos entreprises »

Hugues Petit-Étienne, de l’interprofession BoisLim en Limousin

Les promesses du BIM

La filière bois est donc en avance sur la construction traditionnelle mais cela ne suffit pas. « Nous comprenons bien l’intérêt que le BIM représente pour le maître d’ouvrage en termes de gestion de patrimoine. Mais pour les professionnels, utiliser le BIM (niveau 2) nécessite un travail de formation et de coordination. Sera-t-on en mesure de financer ce surcoût de départ ? Pour l’instant, c’est généralement perçu comme une contrainte de plus par les professionnels que je côtoie, même s’ils sont conscients de l’enjeu que cela représente pour demain… ».


les bâtiments de futurele bois continue de jouer un rôle

Le BIM de demain ne se résume pas à une maquette numérique 3D. Il va contenir d’autres fonctionnalités et informations telles que l’intégration du planning de chantier, des coûts, de caractéristiques techniques multicritères, etc.

Faciliter, fiabiliser, fluidifier, c’est la fonction des logiciels qui accompagnent la démarche. « Dans l’immédiat, la vraie préoccupation du maître d’œuvre, c’est d’abord l’élaboration du dossier afin d’obtenir le permis de construire ».

Pour Christophe Richard, directeur d’A-Doc, concepteurs de logiciels d’architecture, adopter la démarche BIM, en exploitant une unique maquette enrichie des données professionnelles, c’est se faciliter la tâche avec la garantie de présenter un dossier complet.

Autre avantage, en fin de chantier, il suffira de reprendre toutes les données BBio de la modélisation, de les superposer aux résultats des tests d’infiltrométrie pour obtenir la déclaration d’achèvement et de conformité.



Réussir le tournant BIM

Le développement du BIM est freiné par la diversité des logiciels employés par les différents acteurs de la filière. Non standardisés, ils ne permettent pas l’échange de fichiers, imposent de fastidieuses opérations de ressaisies entre les différents corps de métiers et pénalisent les projets (temps et coûts). Au cœur de la démarche pour faire progresser l’interopérabilité entre logiciels, les éditeurs de logiciels de dessin et de calcul, tels Cadwork et A-Doc, spécialisés dans la construction bois, s’y emploient déjà depuis plusieurs années.

JO 2024 Paris bois
Paris 2024 – Luxigon – DPA

Jusqu’en 2010, l’échange de données entre corps de métiers concernait essentiellement la géométrie des structures. Avec le développement de l’interopérabilité entre logiciels, il est désormais possible d’échanger d’autres informations notamment relatives à la thermique et à la planification, mais la démarche reste à généraliser.

La généralisation de la maquette numérique (MN), celle de l’openBIM, la « bimisation » du catalogue construction bois qui regroupe les grands standards de la construction à ossature bois (murs, planchers, toitures) sont les chantiers en cours auxquels la filière bois apporte sa contribution.


Le BIM est un processus d’avenir à évoluer et faire évoluer

Le BIM dans le BTP, c’est le renouvellement d’un mode de travail appelé à devenir obsolète, une nouvelle image de la profession, avec des outils appropriés pour répondre aux besoins de performances, de fiabilité, de qualité du bâtiment.

Mais le BIM est un processus qui doit se faire au rythme de chacun.

Au sein de la filière bois, de nombreuses entreprises sont déjà prêtes. Pour les autres, l’heure est au questionnement, s’équiper pour éviter de disparaître ? Une certitude, avec le BIM, la filière amorce un nouveau virage et il n’est pas question de le rater.


Texte Mireille Mazurier – Architecture Bois

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