Pas facile de se loger à Versailles quand on est étudiant. La solution ? La Fresque, un programme de logements en bois massif.
Ils sont près de 9 000 à étudier sur le campus de l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines mais ont des difficultés à se loger. La solution ? Un plan de construction de 300 chambres réparties dans quatre résidences. La Fresque est l’une d’entre elles.
A quelques pas de l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines, au cœur du quartier de Clagny-Glatigny, accolé perpendiculairement à l’immeuble Richard-Mique, la future résidence baptisée La Fresque s’est trouvée une place de choix. Sensible à l’esthétisme architectural, le maire de Versailles, François de Mazières, souhaitait respecter à la fois son ambition d’innovation dans la construction et l’intégration dans l’environnement proche. Jouxtant un parc arboré et des logements alentours aux façades claires, les matériaux se sont imposés d’eux-mêmes, alors que c’est davantage le mur décoré par les jeunes de la Maison de Quartier qui a inspiré le nom de la résidence.
Dans ce projet, Bouygues Bâtiment Ile-de-France-Habitat Social a accompagné Versailles Habitat, le maître d’ouvrage, dans la construction des 60 logements sociaux étudiants répartis sur 4 étages. La Fresque est l’un des tous premiers appels d’offres (2007) de logements en construction bois massif sur le territoire français. Début 2011, la première pierre a été posée non pas sur le sol, mais sur des locaux techniques de chauffage et la structure d’une ancienne soute à charbon vouée à la destruction. Oubliés les coûts de démolitions et d’infrastructures, et place à une construction neuve en bois et béton, économique et écologique (amélioration du bilan carbone et valorisation des filières sèches).
Une réalisation en panneaux contrecollés bois
Les architectes mandataires, Danyel Thiebaud du Cabinet Ithaque et Vladimir Doray (lauréat AJAP 2007) du cabinet WRA, ont opté pour des logements en bois massif, en panneaux contrecollés bois. Cette option s’est imposée comme LA solution idoine au cahier des charges. Légère, la superstructure se pose délicatement sur l’infrastructure existante, participant une fois encore à limiter le coût environnemental de la construction. L’expérimentation de ce nouveau système constructif adapté au logement étudiant, avec des portées peu importantes, s’érige en total respect de son entourage. La limitation des nuisances sonores, la propreté du chantier ainsi que la rapidité de mise en œuvre maximisent le confort des riverains.
En phase de mise au point technique, Bouygues Bâtiment Ile-de-France-Habitat Social a associé les compétences de ses techniciens en termes de thermique, d’acoustique et de structure, à celles de son sous-traitant Bois (Ecologgia). Metsä Wood s’est vu confier le projet, apparaissant comme étant le fournisseur de panneaux contrecollés – empilés en couche croisée à 90° – le mieux adapté. Parmi les systèmes bois existants, le panneau massif Leno® en épicéa, certifié par un Avis Technique, s’est imposé pour des raisons structurelles. Ils permettent, en effet, de reprendre plus d’efforts de charge verticale et horizontale – pour le contreventement – que les structures en ossature bois sur ce type de construction à plusieurs niveaux. Ajustement du sens de portée des panneaux de plancher, utilisation de panneaux massifs pour les murs ayant un rôle structurel, cloisons de doublage pour les murs séparatifs… autant de points d’adaptation, autant d’études résultant du partenariat fondé entre l’entreprise de charpente Ecologgia et Metsä Wood.
Les panneaux grands formats (jusqu’à 20 mètres), préfabriqués en usine au millimètre près, sont arrivés sur le chantier 6 à 8 semaines plus tard. Deux mois seulement auront ainsi suffi à réaliser les quatre niveaux par simple vissage au rythme d’une livraison par semaine, à l’aide d’une grue à tour et de l’outillage habituel du charpentier.
Au total, 1 740 m² de murs et 1 100 m² de planchers Leno® ont été assemblés. Volontairement et afin d’éviter les co-activités, les ouvrages béton et bois ont été dissociés. Les deux noyaux béton pour les cages d’escaliers et l’ascenseur ainsi que le coulage de la dalle ont précédé la réalisation de la superstructure bois garantissant l’étanchéité à l’air.
Des logements en bois massif dans les Yvelines
Afin de dialoguer au mieux avec l’environnement, les façades, côté ville, sont traitées dans un registre minéral (carea) et, côté parc, en mélèze posé verticalement et à claire-voie. Sous le pare-pluie, les façades sont isolées avec une double couche de laine de roche, et entre les logements avec de la laine de verre pour l’acoustique. L’isolation du toit sur bac acier est, quant à elle, en polyuréthane, et les sols bénéficient d’une isolation supplémentaire puisque la résidence est équipée d’un plancher chauffant hydraulique. Par ailleurs, l’eau chaude sanitaire sera distribuée depuis le sous-sol via une chaufferie collective.
Livrée en septembre 2013, la résidence de 1 900 m² SHON, dont le CROUS assure la gestion, dispose de l’ensemble des commodités. Alors que la majorité des chambres de 18 à 25 m² seront réparties dans les étages, le rez-de-chaussée accueillera une salle polyvalente, une laverie ainsi que la loge du gardien. « Dans ce projet, nous avons traité deux typologies, le rez-de-chaussée étant considéré comme un établissement recevant du public » souligne l’un des architectes. Un local deux-roues et un parking privé extérieur de 42 emplacements achèveront de compléter l’ensemble. Au nord, l’entrée principale se voudra confidentielle, s’orientant, comme la rampe d’accès, en direction du campus. « Autant, il n’y a pas eu de révolution sur les studios, autant, et c’est une première, tous sont accessibles pour les personnes à mobilité réduite » insiste Danyel Thiebaud.
A proximité des commerces, côtoyant des familles, et aux abords du parc, le cadre semble idéal. D’autant que les moins fainéants pourront aisément se rendre à l’université, à pied ou à vélo. Par ailleurs, la Fresque bénéficie, d’ores et déjà, des labels « Habitat et Environnement » Profil A et « Qualitel THPE 2005
Texte : Laurène Delion – Photos : © Laurent Blossier / Ithaques – WRA / Metsä Wood