L’Ademe a lancé un vaste programme visant à requalifier les petites parcelles boisées, souvent à l’abandon, pour insuffler une nouvelle dynamique à la filière bois-forêt. En Nouvelle-Aquitaine, une centaine de parcelles ont déjà été diagnostiquées.
La France n’a jamais été aussi boisée qu’aujourd’hui. En 150 ans, les surfaces boisées ont été multipliées par deux et les volumes sur pied par trois. Et ce, malgré les prélèvements pour les différentes filières comme le bois-énergie ou la construction. Car, la politique de développement durable de la filière veut qu’un arbre sur deux soit récolté et l’autre laissé sur pied.
En Nouvelle-Aquitaine, la ressource est particulièrement abondante. Il s’agit même de la première région en termes de récolte de bois et la seconde en termes de chiffre d’affaires. Le premier massif forestier de France fournit ainsi 10,8 millions de m3 par an, et emploie 56 300 personnes pour un chiffre d’affaires de 10 Mds d’euros.
L’équipe de l’Ademe Nouvelle-Aquitaine – © Claire Thibault
Toutefois, « la France manque de bois de qualité et surtout, d’un bois accessible, explique Mathieu Anglade, directeur régional adjoint de l’Ademe, ce qui est problématique, car cela génère un coût supplémentaire à l’exploitation ».
En 2015, l’Agence lance donc une grande campagne, sous la forme d’un Appel à manifestation d’intérêt. « L’AMI Dynamic poursuivait un double objectif : travailler sur les peuplements abandonnés pour satisfaire les besoins actuels (bois d’œuvre, bois pour l’industrie papier, panneaux, bois-énergie pour les chaufferies biomasse), et à moyen/long termes, créer de nouvelles futaies avec des bois de qualité, dédiés à la construction bois, et permettant de se préparer au changement climatique ».
Plus de 20 000 propriétaires contactés
Sur toute la France, 43 projets de rénovation de parcelles, laissées à l’abandon ou peu qualitatives, ont été sélectionnés dans le cadre de cet AMI. En Nouvelle-Aquitaine, 20 700 propriétaires forestiers ont été contactés et 2200 propriétaires se sont dits « intéressés ».
À la clé, une aide technique et financière pour rénover sa parcelle. « Une parcelle non entretenue, c’est un puits carbone au point mort car les arbres en fin de croissance captent moins de CO². De plus, le bois n’y est pas toujours qualitatif car le boisement se fait souvent de façon anarchique. Enfin, pour le propriétaire c’est un patrimoine inactif, qui n’apporte aucune valeur ajoutée ».
Une centaine de parcelles ont ainsi été diagnostiquées gratuitement, par des experts de l’Ademe. Au final, 4 projets ont été retenus en 2015 et 4 autres en 2016. Exemple à l’appui, l’Agence assure que l’aide financière versée a permis de diviser par 4 le reste à charge du propriétaire. « Sur la commune de Laruscade en Gironde, la rénovation d’une parcelle de 4,67 ha a coûté 14 500 euros. L’exploitation des bois a rapporté 7 000 euros, et l’Ademe a proposé une enveloppe de 5 800 euros au propriétaire. Il ne lui restait donc plus que 1 700 euros à investir, dans un boisement redevenu qualitatif ».
Grâce à cette campagne, l’Ademe envisage de rénover 7 189 ha. 713 422 tonnes de bois seront ainsi récoltés, dont 63 183 t valorisés en bois d’œuvre et entre 30 000 et 40 000 t pour le bois énergie.
Texte : Claire Thibault – Photo de Une : Wikimedia Commons – Ludovic Péron
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