En 2025, Gascogne Bois fêtera son centenaire, au service de la valorisation du Pin maritime. Implanté dans les Landes, la Gironde et le Tarn, le groupe fournit du bois pour la palette, l’emballage mais aussi la réalisation d’aménagements intérieurs et extérieurs bois (terrasse, bardage), la menuiserie et plus récemment d’éléments constructifs.
Dans un contexte de diversification de ses activités, nous avons voulu connaître sa vision sur l’avenir de la ressource bois. Interview de Thibault Gavignet, directeur commercial et marketing de Gascogne Bois.
Architecture Bois : Gascogne bois est un multi-spécialiste du bois – plus précisément du Pin maritime – depuis 1925, quel est votre rapport à la forêt aujourd’hui?
Thibault Gavignet : « La forêt est dans l’ADN du groupe, qui a été fondé à l’initiative de sylviculteurs. Notre priorité est la valorisation des bois locaux, dans le massif forestier aquitain. Nous achetons le bois entier sur pied auprès des propriétaires forestiers et nous le valorisons de la base du tronc jusqu’à la cime. La partie noble du bois part en première transformation pour l’aménagement, la construction, le bois technique. La deuxième étape consiste à valoriser, en pâte à papier, le reste de matière du tronc ainsi que le bois d’éclaircie. Nous disposons de l’une des premières capacités de sciage en France, avec 730 000 tonnes de grumes consommées par le groupe Gascogne, dont 300 000 tonnes par les scieries d’Escource dans les Landes et de Saint-Symphorien, en Gironde. Nous transformons environ 150 000 m3 de bois par an. Nous fabriquons, avec des partenaires industriels, des produits lamellé-collé et bois massifs aboutés qui répondent aux besoins des constructeurs bois, de la structure au bardage, en passant par l’aménagement intérieur. Le Pin maritime n’est pas une essence très utilisée dans la construction mais nous travaillons avec le FCBA et des partenaires pour démontrer scientifiquement qu’elle est parfaitement adaptée à ce marché par ses qualités mécaniques et structurelles. »
Qu’est-ce qui bloque l’usage plus massif, en France, d’essences locales comme le Pin maritime ?
Thibault Gavignet : « C’est peut-être historique. Après la guerre, la France a misé massivement sur le béton pour sa reconstruction quand d’autres pays ont continué leur développement avec des systèmes constructifs bois. Nous nous sommes alors éloigné de l’usage de nos essences locales dans la construction. Or, le bois revient sur le devant de la scène pour sa capacité de stockage carbone et ses qualités mécaniques. Mais le standard du marché est encore celui des massifs du nord, souvent par habitude. Côté esthétique, les maîtres d’œuvre et d’ouvrage se sont habitués à ces essences nordiques. Depuis peu, on s’aperçoit que les mentalités évoluent. Notre métier, c’est d’accompagner ce changement et de remettre au goût du jour les essences locales comme le Pin maritime. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre d’importer du bois de pays lointains, en raison de leur impact carbone. »
Le Pin maritime est-elle vraiment une essence d’avenir face au changement climatique ou faudra-t-il s’en passer au profit d’autres espèces plus résistantes ?
Thibault Gavignet : « Dans la région des Landes de Gascogne, nous sommes pour l’instant moins impacté. Le Pin maritime a un taux de dépérissement inférieur à d’autres espèces territoriales. L’ensemble du massif forestier landais est en croissance. Gascogne Forêt Services, une branche de Gascogne bois, est en relation avec des entreprises de sylviculture pour continuer le développement de génération d’arbres plus adaptés à l’environnement. Nous travaillons avec des associations, comme Graine de Forêt, sur des parcelles à couvert continu ou la cohabitation d’essences diverses, en introduisant une part d’autres variétés de résineux, mais aussi des feuillus. Ces derniers occupent actuellement 20 % du massif forestier avec des chênes, des acacias robiniers… Dans la diversification des essences, il n’y a cependant pas que le résultat biologique – la résistance au changement climatique, aux insectes etc. – qui compte. Il faut aussi analyser l’impact sur la filière et l’économie du territoire. Ce n’est pas le tout de planter différentes essences sur une même parcelle, il faut savoir si les caractéristiques techniques des ces nouvelles essences peuvent trouver des débouchés chez les acteurs du massif. De plus, gérer ce type de parcelles entraîne un mode de gestion plus complexe. La gestion forestière du futur devra sans doute trouver un équilibre entre la diversification économique et la préservation de la biodiversité. La forêt met des années à pousser, c’est un investissement sur le temps long. C’est très important de le faire maintenant, à notre niveau, pour les générations futures. »
Propos recueillis par Claire Thibault
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