Depuis trois ans, 12 entreprises et deux organisations professionnelles de la construction bois collaborent, pour développer une nouvelle solution de façade bois, sécurisée vis-à-vis des risques de propagation du feu. Le laboratoire Effectis, agréé en résistance et réaction au feu, vient de valider l’essai. Détails
La prise en compte du risque incendie et de la propagation du feu dans les façades bois fait parfois naître des collaborations fructueuses. Si cette problématique fait déjà l’objet d’un guide professionnel (« Bois Construction et Propagation du feu par les façades ») édité depuis 2016, un collectif le « Groupe Feu » a souhaité aller plus loin.
Piloté par Bois HD, le centre d’ingénierie de l’école d’ingénieurs ESB – Bois & matériaux biosourcés, il rassemble depuis 2017, 12 entreprises et deux organisations professionnelles.
Yves-Marie Ligot, dirigeant d’un bureau d’études techniques spécialisé dans la construction bois et représentant de l’association IBC au sein du « Groupe Feu » est à l’origine du regroupement.
Il revient sur les raisons qui ont conduit à cette démarche collaborative : « Les solutions référencées dans le guide sont efficaces techniquement mais difficiles à mettre en œuvre d’un point de vue opérationnel. Elles génèrent des coûts supplémentaires et compliquent la prescription. À titre d’exemple, l’installation de déflecteurs pour écarter la flamme de la façade augmente la dimension extérieure d’un bâtiment et le marque d’un point de vue esthétique. Le « Groupe Feu » a permis de réunir des industriels, des concepteurs et des fabricants afin de trouver une solution « universelle ».
Un projet technique coûteux
L’objectif était d’élaborer un “complexe” optimisé comprenant l’ensemble d’un mur, avec sa structure, son parement intérieur, son isolation et son bardage bois.
Ce dernier devait permettre d’obtenir une appréciation de laboratoire relative au comportement au feu d’un élément de façade selon le §5.3 de l’IT249 : 2010 et conforme à l’arrêté du 7 août 2019 du ministère de l’intérieur et du logement.
La réglementation impose en effet l’obtention d’une appréciation de laboratoire attestant de la non propagation du feu par les façades. Cette appréciation est liée à la réalisation d’un Essai LEPIR 2 dont le coût est parfois difficile à supporter pour une entreprise seule.
Bois HD a alors été chargé d’assurer le montage financier et technique du projet. Amélie Roux, ingénieure R&D en charge du projet, détaille : « Nous sommes tout d’abord intervenus pour structurer le projet : établir le budget, mobiliser des participants, mettre en place un contrat de partenariat, organiser les échanges et déterminer les différentes phases. La réalisation d’un essai LEPIR 2 dans un laboratoire agréé nécessite la création d’une façade complète de deux niveaux – 7,10 m de hauteur par 5, 60 m de largeur – pour un coût d’environ 40 000 €. Grâce à la mutualisation des moyens, nous avons pu disposer d’un budget global de 100 000 € qui a permis d’engager les études, l’élaboration des prototypes, l’essai d’orientation et, finalement, l’essai qualifiant. Ce “Groupe Feu” est un très bel exemple de collaboration au sein d’une filière bois qui monte en puissance, notamment dans la perspective des JO 2024. »
Une façade bois testée en laboratoire
Après une recherche des facteurs influençants, par des essais à petite échelle, de la modélisation numérique et un premier essai LEPIR 2 d’orientation réalisé en février 2020, le “Groupe Feu” a obtenu, en décembre dernier, un essai LEPIR 2 qualifiant sur la conception de façade.
Cette nouvelle solution permet ainsi de limiter le débord des déflecteurs à 50 mm maximum et de s’affranchir du dispositif d’obturation de la lame d’air. Grâce à ce complexe, les professionnels peuvent aussi mettre en œuvre des isolants biosourcés avec un parement à minima Euroclasse D. Il est aussi possible d’employer plusieurs types de bardage, dont un bardage bois avec un classement de réaction au feu minima D-s2-d0 ou des bardages en aspect claire-voie si la pose est horizontale.
Mettre en valeur le matériau bois en bardage
Cette solution « permet de mettre en valeur le matériau bois en bardage et doit désormais être appliquée dans le cadre de projets concrets. Les retours d’expériences des différents participants permettront de procéder, au besoin, à des ajustements. Tous les acteurs qui ont pris part à cette démarche ont confirmé leur satisfaction. En fonction des évolutions règlementaires, le groupe pourrait ainsi être réactivé dans la perspective de nouveaux projets collectifs », souligne Yves-Marie Ligot.
La solution développée permet désormais aux entreprises du groupe d’enrichir leur offre dédiée aux bâtiments de grande hauteur, à certains établissements recevant du public et aux bâtiments d’habitation de 3ème famille. Ces derniers représentent une part importante du marché pour les entreprises de construction de la filière bois.
Cette appréciation de laboratoire est toutefois nominative et donc réservée en exclusivité aux membres du groupe. Le “Groupe Feu” a rassemblé l’association Ingénierie Bois Construction (bureaux d’étude bois), l’organisation professionnelle UICB (Union des Industriels et Constructeurs Bois) et les entreprises Bouygues Construction (78), CMB (79), Construction Bois EMG (22), FP Bois (40), Groupe ISB (35), Lignalpes (74), Maître Cube (75), PiveteauBois (85), Protac (22), Siniat (84) Sivalbp (74) et Techniwood (75).
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