Dix organisations professionnelles représentant les principaux acteurs français de la transformation du bois viennent de signer le manifeste lancé par la Fédération Nationale du Bois (FNB), organisation représentative des exploitants forestiers, scieurs et industriels du bois français.
Ce manifeste appelle les professionnels et les Pouvoirs publics à prendre une série de mesures visant à favoriser la transformation du bois en France et à pérenniser l’activité des entreprises du secteur.
En effet, en raison de la hausse exponentielle des exportations de bois brut, en particulier vers la Chine, les professionnels de la transformation du bois sont confrontés à un cruel manque de matière première hexagonale, mettant en danger 100 000 emplois dans les régions françaises. Entre 2007 et 2014, le volume de grumes de chêne disponible pour les scieries françaises a par exemple été divisé par deux. Cette problématique conjuguée aux conséquences des intempéries, des inondations et des grèves récentes plongent des centaines d’entreprises dans une situation tellement dramatique que certaines ont du placer une partie de leurs effectifs au chômage technique depuis quelques semaines.
Les premiers appels à l’aide de la FNB ont en partie été entendus par les Pouvoirs publics, puisqu’une première mesure d’urgence, relative aux distorsions de concurrence sanitaires infligées aux scieries françaises, est entrée en vigueur. Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a ainsi confirmé, à plusieurs reprises, l’application au 1er juillet de l’interdiction du traitement chimique par pulvérisation de cyperméthrine sur les grumes destinées à l’international. Il est en effet d’ores et déjà possible de remplacer ce produit, que l’ANSES juge dangereux pour l’environnement et les forestiers, par des traitements alternatifs et durables, comme l’écorçage, le traitement thermique ou la fumigation en enceinte agréée. Ces solutions sont déjà utilisées par nos voisins belges et allemands.
Des mesures structurelles indispensables à la survie de la filière
Mais cette première mesure d’urgence doit être suivie de mesures structurelles afin de permettre aux scieries françaises de pouvoir travailler le bois français, une matière première de grande qualité issue de la gestion responsable du patrimoine forestier français, puis de vendre leurs produits transformés à valeur ajoutée en France et à l’international. Pour cela, le manifeste appelle également à :
- relocaliser et développer une industrie du bois française respectueuse de l’environnement,
- conforter le renouvellement de la matière première à long terme,
- réguler l’exportation des grumes non transformées pour favoriser l’exportation de produits transformés,
- faciliter le financement du développement de la filière.
Un manque de bois à transformer pour les scieries françaises
Si la France a toujours eu une tradition d’exportation des grumes avec des volumes stables, la situation s’est tendue à partir de 2005, lorsque la Chine est devenue le premier pays destinataire du chêne français. Entre 2007 et 2014, le volume de grumes de chêne disponible pour les scieries françaises a été divisé par deux, passant de 2,45 millions de m3 en 2007 à 1,25 million de m3 en 2015. Aujourd’hui, 80% des grumes exportées sont des grumes dont les scieurs auraient besoin pour faire tourner leurs usines. 33% du volume de chêne et 25% du volume de hêtre récoltés en France partent en Chine et, pour la plupart, reviennent sous forme de produits transformés et sont vendus sur les marchés occidentaux. Ce mouvement, qui génère une très forte empreinte carbone, constitue également une menace pour les emplois en France. Les grumes exportées représentent en effet 30% du volume disponible, mais 3% seulement de la valeur ajoutée du secteur.
Une lourde menace sur l’activité : 100 000 emplois menacés
Le départ massif des grumes vers la Chine est catastrophique pour les industries hexagonales, privées de matière première à transformer. C’est pourquoi la Fédération Nationale du Bois alerte les Pouvoirs publics sur les lourdes menaces pesant sur les activités des entreprises de transformation du bois, qui emploient environ 100 000 collaborateurs. La transformation des grumes est en effet source d’une importante valeur ajoutée, contrairement à l’exportation. La transformation du bois génère 10 fois plus d’emplois que l’exportation : on compte 1 emploi en France pour 10 000 m3 de grumes exportés contre 10 emplois pour 10 000 m3 de grumes transformés sur le territoire. Si les prélèvements de grumes destinés à la Chine continuent de croître, beaucoup de scieries vont devoir cesser leurs activités et licencier leurs collaborateurs.
Plus d’infos sur www.fnbois.com