Alors que l’Hexagone vit son deuxième confinement, en raison de la circulation active du coronavirus (Covid-19), l’année 2020 restera dans les mémoires des constructeurs de maisons bois comme une année singulière. Contre toute attente, leur activité s’est maintenue voire renforcée, même si le profil de leurs clients a évolué, tout comme leurs attentes. Témoignage d’Olivier Foucher, gérant de l’entreprise angevine So Habitat.
« Après le confinement (du mois de mars, ndlr.), nous avons connu une forme d’euphorie commerciale. Nous avons réalisé, en trois mois ce que nous faisions habituellement en huit mois. Les projets en attente associés au nombre impressionnant de contacts pris, se sont transformés en contrats fermes. Nous sommes restés sur le même rythme jusqu’en septembre.
Une tendance générale vers l’écohabitat
Ce qu’il en ressort, c’est une tendance générale vers l’écohabitat. Nous recevons beaucoup plus de personnes pour lesquelles le bois est une évidence. Auparavant, nous devions convaincre de l’intérêt de la construction bois. Nos concurrents étaient des constructeurs de maisons en traditionnel. En septembre dernier, au salon de l’habitat d’Angers, on est venu nous voir parce que nous étions constructeur de maison bois, pas pour faire un comparatif maison en traditionnel/maison bois.
Aujourd’hui, la plupart de nos clients ont fait le choix d’une construction bois avant même de nous avoir rencontrés. C’est très encourageant, même si cela signifie de se retrouver en concurrence avec d’autres constructeurs bois.
Nous avons fait le pari de n’utiliser que des matériaux naturels. L’association bois, laine de bois et ouate de cellulose nous semble particulièrement pertinente et performante. Outre la qualité des matériaux, on nous sollicite de plus en plus pour le confort d’été. Pour rester fidèle à notre démarche écologique, nous proposons des solutions respectueuses de l’environnement, à même de rafraîchir l’habitat. C’est l’enjeu des constructions à venir.
La région prône les constructions bois
Nous sommes aussi dans une région dont la politique environnementale est d’aller vers plus d’écoconstructions, donc plus de bâtiments bois. Grâce à la volonté de villes comme Angers qui prône 20% de constructions bois dans ses projets, de Nantes et de Rennes qui ambitionnent d’atteindre les 30%, nous gagnons en visibilité et en crédibilité. Nous sommes dans un environnement qui nous est vraiment favorable. Pour autant l’histoire architecturale de la région angevine est avant tout minérale. Ici, nous sommes en terre de tuffeau.
Mais on sent que les Angevins sont de plus en plus sensibles au bois. Comme ailleurs, le coût du foncier commence à pénaliser l’accession à la propriété. Avant le confinement, pourtant, il fallait absolument habiter près du cœur de ville, même si cette proximité avait un coût.
Aujourd’hui, il y a une tendance à l’éloignement, sans raison financière. Une partie de notre clientèle retourne en deuxième couronne, à 20 minutes d’Angers. Leur terrain est plus grand, l’environnement est plus aéré.
C’est une clientèle faite de jeunes, mais pas seulement. Ce sont aussi des gens qui envisagent de vivre, entre 55 ans et 75 ans, dans un cadre plus agréable, moins stressant que la ville, ou que dans un lotissement où les maisons sont les unes sur les autres.
En collaboration avec des architectes urbanistes
Dans notre région, certaines mairies mettent en place un nouveau type d’habitat. Au lieu de créer un lotissement libre de constructeurs, elles travaillent avec des lotisseurs qui fonctionnent par îlot. Elles conçoivent des appels d’offre à l’attention des constructeurs que nous sommes. Le projet est de réaliser un îlot de plusieurs parcelles, ce qui permet d’avoir une homogénéité avec une réflexion sur l’aspect esthétique, l’aménagement extérieur, ….
C’est une démarche très intéressante à laquelle nous participons. Tous les lots ne sont pas donnés au même constructeur. Le résultat est harmonieux même si les bâtiments ne sont pas identiques. Pour nous, cela signifie accepter certaines contraintes. Nous devons, par exemple, travailler avec un architecte urbaniste. C’est une collaboration à laquelle nous ne sommes pas habitués, mais elle nous apporte un autre regard.
Le travail en amont est plus long, mais nous sommes partie intégrante du projet. Nous sommes associés à la réflexion avec l’architecte, le lotisseur, la mairie. Une fois les parcelles attribuées, nous avons l’exclusivité pour mener à bien la construction des maisons. Ce type de projet est valorisant pour tous les participants.
À Guérande, nous allons construire trois habitations correspondant à ce type de projet. La Loire Atlantique est plus avancée que le département du Maine et Loire, dans cette démarche urbanistique. Mais des projets sont annoncés autour d’Angers ».
Propos recueillis par Mireille Mazurier
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