L’usage du bois dans des bâtiments publics ou privés est jugé comme attractif par les professionnels de l’immobilier, selon une récente étude. Mais une grande majorité d’entre eux reste sous formée et sous informée quant aux usages du bois dans la construction. Détails.
« Modernité, élégance, solidité »… Le bois requiert indéniablement les suffrages des professionnels de l’immobilier. Interrogés dans le cadre d’une enquête* du groupe ESPI (École supérieure des Professions immobilières), en collaboration avec l’UICB et le Codifab, les interviewés ont jugé le matériau « attractif ». Les questions portaient sur 7 sujets principaux : l’écologie, l’économie, la technique, la sécurité, l’esthétique, le confort et la santé.
«Je dois dire que les réponses à certaines questions m’ont surpris. Ils révèlent beaucoup d’idées préconçues sur le bois mais également sa très forte attractivité », explique Inès Trojette, enseignant chercheur à l’ESPI et co-auteur de l’étude.
L’atout écologique du bois
La majorité des répondants pense, en effet, que le bois est un matériau renouvelable, fait baisser l’impact carbone de la construction et réduit les dépenses énergétiques. « De plus, la construction en bois contribue à une bonne isolation thermique et phonique », rapporte l’étude.
Mais quelques a priori persistent : 65 % de ceux qui ne s’intéressent pas à l’usage du bois pense que la construction en bois contribue à la déforestation alors que ceux qui s’y intéressent savent que ce n’est pas le cas (65 %).
L’atout esthétique et santé
Selon les personnes interviewées, la construction en bois s’intègre à tous milieux confondus pour ceux qui s’intéressent au bois. Pour les autres la construction en bois est possible dans tous milieux confondus et en zone rural.
En termes de confort et de santé, l’environnement bois répond à leurs attentes et favorise la qualité de l’air.
Une construction plus rapide
Pour la plupart des interviewés, la construction en bois permet de construire plus vite. Par contre, le coût de la construction est perçu comme plus cher, et les coûts d’entretien comme plus importants.
« Le seul point de divergence entre ceux qui s’intéressent au bois dans l’immobilier et ceux qui ne s’y intéressent pas, c’est que pour les premiers, la construction en bois a une durée de vie comparable à celle d’une construction en d’autres matériaux. Par contre, les deuxièmes, pensent que la construction en bois n’a pas une durée de vie comparable à celle d’une construction en d’autres matériaux », soulignent les deux auteurs, Inès Trojette et Cathy Veil, enseignant-chercheur en économie et gestion à l’ESPI.
Construire en bois partout ? Des professionnels dubitatifs
D’un point de vue technique, les répondants pensent qu’on peut construire en bois à hauteur de R+5 et R+8 et que l’offre de solutions bois semble répondre aux besoins de l’immobilier en France.
En revanche, plus de la moitié des personnes (58%) favorables à l’usage bois pensent que l’on ne peut pas construire partout en utilisant du bois. Cette position est partagée par plus des trois-quarts de personnes peu enclines à utiliser le bois.
Construction bois : des a priori persistent
Les insectes xylophages constituent une grande contrainte qui impacte la décision du consommateur à utiliser le bois dans l’immobilier. « Le bois est considéré comme plus dangereux, et donc inflammable quand la personne ne s’intéresse pas au bois. Ce facteur incendie, est un élément qui décourage le consommateur de s’intéresser à l’usage du bois dans l’immobilier », soulignent les auteurs de l’étude.
« L’enquête du Groupe ESPI montre que chez de nombreux acteurs de l’immobilier subsiste une importante sous information et certains préjugés. Mais il y a du positif pour nous, industriels constructeurs bois, car la plupart de ces acteurs reconnaissent les vertus prêtées au bois : l’élégance, la robustesse et la solidité », indique Romain Canler, délégué général de l’UICB.
Améliorer les cursus de formation
En conclusion, si la répartition par âge n’influence pas l’intérêt d’une personne à l’usage du bois, le niveau d’études et aussi le niveau de connaissance concernant les modes de construction influence plus ou moins le niveau d’attractivité du bois.
« Cela peut être amélioré par davantage de contenu concernant le bois et ses différents usages dans les cursus de formation autres que ceux de la construction et de la promotion immobilière, y compris dans la cadre de l’aménagement et de la valorisation en cas de vente ou de gestion locative », proposent les auteurs de l’étude.
Le bois est de plus en plus utilisé pour construire des bâtiments en France, notamment pour construire des maisons individuelles. Le domaine de la construction bois réalise un chiffre d’affaires de 1,7 milliards d’euros, et représente 28 000 emplois directs dans la mise en œuvre, 25 000 dans la fabrication et plus de 2500 entreprises.
*Enquête réalisée auprès de 364 personnes qui travaillent dans l’immobilier ou qui se préparent à y faire carrière : professionnels en activité, professeurs, diplômés et étudiants. L’étude abordait 36 questions en 7 thèmes sur la perception du bois.