Construire une maison en bois rond, c’est retrouver l’essence même de la forêt chez soi. Comment la construire ? La technique de construction est en réalité tout un art.
« Habiter une fuste, ou une maison en rondins, c’est vivre au cœur de l’esprit de la forêt », entend-t-on souvent dans la bouche des passionnés. C’est la belle image du chalet bois traditionnel de montagne. La construction d’une maison en bois rond est aussi appelée la technique de la fuste. Comment est-elle réalisée ? À partir de bois locaux, non usinés, coupés et écorcés de façon manuelle. Ces bois sont séchés à leur rythme, puis assemblés sans clous, ni vis.
Quels bois pour construire une maison en rondins ?
Les bois requis sont traditionnellement des résineux, naturellement résistants aux agressions et à forte thermicité.
« Les fustiers utilisent du Douglas, du Cèdre, du Mélèze ou de l’Épicéa d’altitude. Plus rarement, du Pin des Landes, car il faudra alors le protéger avec de vastes débords de toiture sous peine de le voir prendre le bleu, une décoloration liée aux champignons », détaille Antoine Nguyen, président de la Fédération des artisans fustiers et gérant de l’entreprise Les bois bruts.
Les bois sont choisis pour leur rectitude et sélectionner selon leur diamètre. Pour répondre aux exigences thermiques de la RT2012, la plupart des fustiers utilise des bois d’un diamètre de 35 cm minimum. Les troncs sont coupés et écorcés de façon manuelle ou à l’aide d’un compresseur à eau. Certains professionnels les usinent parfois à l’aide d’une machine à bois pour former des rondins identiques.
Une maison en bois rond : tout l’art du fustier
La construction d’une fuste nécessite de sélectionner chacun des éléments un par un. Tout l’art du fustier consiste ensuite à assembler précisément ces bois dont les formes et les dimensions sont différentes. À lui d’en faire une structure cohérente, aménageable, durable et résistant aux agressions climatiques ( pluie, neige, vent, gel, grandes chaleurs, … ). Les assemblages d’angle jouent un rôle essentiel dans la stabilité des murs empilés.
Aux angles, les troncs sont taillés pour s’emboîter parfaitement, sans fixations. La stabilité de l’ensemble et sa solidité sont assurées par cet emboîtement. Il permet aussi de limiter les effets du tassement naturel du bois : un rondin peut perdre jusqu’à 5 % de son diamètre dans les 4 premières années de séchage.
Chaque fustier a sa technique d’assemblage : tête de bélier, tête de cheval, queue d’aronde etc., ce qui participe à rendre unique chaque maison. Après montage, les professionnels appliquent un traitement insecticide et anti-fongique, en phase aqueuse, sans solvants. Il s’agit surtout de protéger l’aubier, en attendant qu’il soit bien sec.
Une technique à l’épreuve de la RE2020
En revanche, comment construire une maison en bois rond à l’épreuve de la RE2020 ? « Pour l’étanchéité à l’air, on place des joints de dilation, entre les rondins. Dans certaines conditions extrêmes, en altitude notamment, on double aussi les parois au nord pour une meilleure isolation thermique. Avec la RE2020, il faudra peut-être que l’on systématise cette technique, qu’on isole davantage en toiture, au sol et au niveau du vitrage, voire qu’on utilise des bois de section plus grosse. On attend que les exigences soient définitivement fixées. On est cependant sûr d’une chose : pour la réduction du bilan carbone, lors de la mise en œuvre, on est déjà les champions ! ».
Avec une matière première principale locale et peu transformée, la maison en fuste a effectivement une longueur d’avance. Toutefois, si elle séduit par son esthétique 100 % naturelle, certains lui reprochent aussi ce côté trop rustique, moins facilement accepté en milieu urbain.
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