Mercredi 16 mars, lors de la clôture des Assises nationales de la forêt et du bois, les ministres de l’Agriculture, de la Biodiversité, du Logement et de l’Industrie et les représentants forestiers ont appelé à construire une vision ambitieuse et partagée pour la forêt française de 2030. Près de 300 propositions ont émergé de ce dialogue, ainsi que des actions concrètes. Explications…
Moins d’un an après leur lancement, les Assises de la forêt et du bois viennent de se clôturer, ce mercredi 16 mars 2022. L’objectif était de faire converger différentes stratégies et intérêts de l’ensemble des acteurs (ONG, élus, amont, aval…) autour d’une vision multifonctionnelle de la forêt.
Pour le Président de France Bois Forêt, Jean-Michel Servant, ces Assises sont un succès : « Notre filière s’est fait entendre d’une seule voix pour affirmer clairement ses positions sur les enjeux économiques, environnementaux et sociétaux. […] Nous avons également réussi à nouer un dialogue apaisé avec les ONG, avec lesquelles nous avons des objectifs convergents autour d’une vision de long terme de la forêt et des usages du bois. Le temps de la maturité est venu face aux enjeux auxquels nous avons à faire face collectivement : adapter nos forêts au changement climatique pour en préserver la multifonctionnalité, décarboner l’économie en optimisant et en développant tous les usages du bois, matériau renouvelable exceptionnel et enjeu stratégique de souveraineté ».
Adapter les forêts au changement climatique
Parmi les mesures annoncées, la mise en place d’un fonds d’adaptation stratégique au changement climatique, pérenne et conséquent (100 à 150 Millions d’euros/an jusqu’en 2030). Il sera financé notamment par l’affectation d’une partie du produit des enchères des quotas carbone européens.
L’objectif est également de favoriser l’expérimentation et mieux intégrer les retours de terrain dans la mise en œuvre et le suivi de la feuille de route d’adaptation des forêts au changement climatique.
Le Label bas carbone sera également simplifié et élargi, afin d’attirer davantage de fonds privés vers les forêts françaises et soutenir le renouvellement forestier.
La filière bénéficiera également d’un appui au développement des vergers à graine en cohérence. Enfin, un travail sur l’anticipation, la prévention et la gestion des crises, notamment sanitaires et incendies a été annoncé.
Des ONG satisfaites sur plusieurs points
« Nous constatons avec soulagement l’intention de mieux encadrer les soutiens financiers accordés pour l’adaptation des forêts au changement climatique, en prévoyant notamment une obligation de diversification des plantations au-dessus de 4 ha et l’annonce de la création d’une commission scientifique sur les arbres exotiques. C’est un premier pas encourageant, » ont ajouté plusieurs ONG (France Nature Environnement, Humanité et Biodiversité, le Comité français de l’UICN, Réserves naturelles de France, la LPO et le WWF), dans un communiqué commun, suite à la clôture des Assises de la Forêt et du bois.
« Nous saluons également le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt « Territoires forestiers résilients » pour expérimenter des démarches de concertation autour de l’adaptation de la gestion des forêts au changement climatique ».
« Nous saluons l’annonce du lancement d’un plan de protection des sols forestiers et d’un plan national d’action en faveur des vieilles forêts et des vieux bois attendu depuis 2004, deux sujets si importants pour la biodiversité et la résilience. Dans ce cadre, nous appelons à la mise en place d’un véritable réseau de forêts en libre évolution à l’échelle nationale, s’inspirant de démarches existantes dans plusieurs régions. Enfin, nous partageons l’objectif de renforcer les moyens consacrés à la résilience des forêts face aux crises, notamment climatique et de biodiversité, par l’intermédiaire de moyens pérennes. Nous restons vigilants concernant leur utilisation à bon escient, en particulier dans les espaces protégés. »
Une stratégie pour soutenir l’activité forestière
Afin de soutenir l’activité forestière, les propriétaires forestiers profiteront de moyens d’observation, de suivi et d’accompagnement supplémentaires dans leurs choix de gestion adaptative (réseaux, DSF, RMT Aforce).
Dans ce même but, 400 millions d’euros d’investissement sont engagés en faveur de la compétitivité des entreprises à travers le programme France 2030. Frédéric Carteret, Président de France Bois Industries Entreprises indique : « Les démarches en faveur de la recherche et innovation permettront d’accélérer l’offre sur les nouveaux usages, conquérir les marchés, et mieux valoriser les ressources forestières. La filière industrielle du bois salue particulièrement l’investissement nouveau de 400 millions d’€ pour assurer l’innovation et la compétitivité ainsi que développer une industrie du bois souveraine. »
20 millions euros seront dédiés également à la modernisation des entreprises de travaux forestiers pour réduire la pénibilité et accélérer la numérisation.
Clôture assises forêt bois : soutien à l’innovation
Lors des Assises, la filière a souhaité renforcer le lien entre la recherche académique ou fondamentale en fonction de ses besoins, ainsi que développer la recherche appliquée. Un programme en faveur de la valorisation des essences secondaires sera notamment développé.
Particulièrement attendu dans le contexte actuel d’insécurité sur les approvisionnements énergétiques, le soutien à la cogénération industrielle en autoconsommation se retrouvera dans le programme « Biomasse Chaleur pour l’industrie du Bois » doté de 200 MEUR et piloté par l’ADEME.
Enfin, les Assises ont souhaité un renforcement du rôle des élus (réseau de référents « forêt-société ») au service d’un dialogue local apaisé.
Des projets territoriaux (AMI) seront engagés, permettant d’expérimenter de nouvelles modalités de dialogue autour d’enjeux locaux partagés…
Des sujets en suspens, d’autres à amplifier
Si ces premières avancées concrètes étaient attendues de longue date par les différentes parties prenantes, les ONG notent que « des sujets urgents restent en suspens ». Parmi ces sujets, la suppression claire de l’utilisation en forêt de produits chimiques de synthèse et la promotion de leurs alternatives.
« En outre, nous demandions qu’un nouveau cap soit donné sur l’encadrement des coupes rases de grande dimension, ces perturbations de l’écosystème et du paysage étant particulièrement rejetées par nos concitoyens. Cette réflexion devra se poursuivre pour promouvoir des pratiques d’exploitation moins impactantes. Enfin, nous regrettons vivement à nouveau que la grande diversité et richesse des contextes et enjeux des forêts ultramarines ne donnent pas lieu à des décisions concrètes significatives pour répondre aux attentes des acteurs de ces territoires », peut-on lire dans leur communiqué commun.
Côté filière bois, on appelle à l’amplification d’autres actions, notamment celles visant à :
- poursuivre résolument les actions de simplification et de baisse des charges en faveur de la compétitivité des entreprises.
- relever le défi de la formation et de l’attractivité des métiers pour répondre aux besoins des entreprises d’aujourd’hui et de demain
Un dialogue à poursuivre
Malgré tout, les ONG reconnaissent que ces Assises ont « ouvert un dialogue inédit et indispensable ». Dialogue que France Bois Forêt compte bien maintenir. en engageant une « concertation régulière » avec ces ONGE.
Pour rappel, les Assises ont permis de réunir près de 480 participants via les quatre groupes de travail associant élus, représentants de la filière, scientifiques et principales ONG engagées sur le sujet. Les territoires de métropole et d’Outre-Mer ont participé aux travaux par des contributions des Commissions régionales de la Forêt et du Bois et du Comité consultatif des forêts d’Outre-Mer de l’Office national des forêts (ONF).
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