Selon un rapport de Greenpeace Brésil, publié le 20 mars dernier, garantir qu’un bois d’Amazonie brésilienne est issu d’activités légales est « presque impossible » à ce jour. Un rapport, qui fait réagir le Commerce du Bois cette semaine, qui tient à rappeler – sans contester la réalité de ce commerce illégal – qu’il est encore possible d’importer du bois tropical légalement.
Système de permis défaillant, exploitation frauduleuses et non sélective des arbres ipé dans l’État du Pará… Voici le décor que dépeint Greenpeace Brésil, à travers son dernier rapport « L’exploitation illégale du bois d’Ipé détruit l’Amazonie », publié le 20 mars dernier.
Selon l’association, les volumes d’ipé « sont surestimés dans 77 % des autorisations officielles (sur 586 autorisations officielles, décortiquées entre 2013 et 2017, ndlr.), par rapport à ce que la littérature scientifique définit comme une densité normale ». Résultat : ces volumes gonflés artificiellement serviraient ainsi à « blanchir du bois précieux récolté illégalement dans d’autres sites non couverts par les permis d’exploitation délivrés ».
Parmi les importateurs d’ipé, issu des zones forestières concernées par les permis suspects recensés dans l’enquête, la France se classe 2e en volume importé, derrière les États-Unis. De mars 2016 à septembre 2017, 3002 mètres cubes de bois Ipé auraient ainsi été importés par des entreprises françaises.
« Aujourd’hui, nous pouvons affirmer qu’il est presque impossible de garantir que le bois d’Amazonie brésilienne est issu d’activités légales, a fortiori d’activités qui ne bafouent pas les droits humains ou environnementaux », explique Romulo Batista, chargé de campagne sur l’Amazonie pour Greenpeace Brésil.
Une « confusion » fréquente pour le Commerce du Bois
Suite à la publication de ce rapport, le Commerce du Bois a souhaité réagir. Dans un communiqué publié ce lundi, l’association professionnelle regrette que le rapport concluant sur l’illégalité du bois ipé au Brésil se base « seulement sur 6 exemples d’exploitations non représentatives : ni de la réalité du commerce, ni de la mise en place de systèmes de gestion durable compatibles avec les concessions forestières amazoniennes. Ses conclusions sont donc difficilement extrapolables à l’ensemble des concessions et des importateurs de bois, notamment ceux répondant aux exigences du RBUE ».
« Sans contester la réalité du bois illégal dans ce pays comme dans d’autres, y compris en Europe, LCB souhaite rappeler que les importateurs de bois adhérant à sa procédure de Diligence Raisonnée, sont en conformité avec le Règlement Bois de l’Union Européenne (RBUE), exigeant une politique d’achat de bois exemplaire et responsable », poursuit l’association qui représente des agents, importateurs, raboteurs et négociants spécialisés.
Elle dénonce enfin une « confusion souvent entretenue entre importation de bois tropical et bois illégal ». «Le bois tropical est trop souvent associé à un bois illégal. A tort ! », ajoute Eric Boilley, directeur de LCB, reconnu organisation de contrôle du RBUE.
Le RBUE s’applique depuis le 3 mars 2013. Il vise à écarter du marché communautaire le bois et les produits dérivés issus d’une récolte illégale par un système de traçabilité et de contrôles.
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