Les bardages bois ne connaissent pas la crise. Encouragés par les épisodes de confinement, chômage partiel et télétravail, les particuliers ont entamé des travaux de rénovation énergétique pour améliorer leur habitat. Le bardage bois a semble-t-il gagné leur préférence pour leurs travaux, avec quelques disparités toutefois entre les produits. Détails.
« La crise sanitaire apparaît comme un véritablement élément de rupture dans l’évolution du marché. Dans notre étude, nous notons un effet covid en 2020 sur les travaux de bardage, qui ont fortement progressé », a souligné Jean Louis Camici, président de l’association Le Commerce du Bois (LCB), lors de la présentation de son analyse du marché du bardage bois, jeudi dernier.
L’étude portait sur l’évolution du marché du bardage bois, de 2016 à 2020. Elle présentait également des estimations pour 2021. Pour cette étude, LCB a mené 15 entretiens auprès des industriels producteurs de bardage, des distributeurs, et des architectes pour consolider son étude.
Il en ressort que, jusqu’en 2019, le marché du bardage était relativement stable voire stagnait aux alentours de 1,5 % de croissance par an. Sa progression atteignait alors +6,4 %, par rapport à 2016.
Puis, à partir de 2019, son évolution se fait plus spectaculaire avec plus de 25 % de croissance !
Selon Jean-Marc Mornas, consultant marketing stratégique, qui a mené l’étude, l’effet covid est bien visible. « Les périodes successives de confinements, le télétravail et le chômage partiel ont été globalement favorables aux travaux d’amélioration de l’habitat. En effet, la consommation des ménages s’est concentrée sur les travaux de rénovation de leur habitation ».
En une année, entre 2019 et 2020, les ventes de bardage ont ainsi progressé de 12,5 %. Il s’est vendu environ 6,5 millions de m2 de bardages, durant cette période. Et les professionnels estiment que l’année 2021 suivra la même courbe, avec +11.1 % de croissance attendue.
Il est en revanche plus difficile de savoir quels travaux les Français ont réalisés. L’étude donne néanmoins quelques pistes : rénovation d’un bardage existant, isolation d’un pignon, création de garage, d’appentis, surélévations recouvertes de bardages bois…
Bardages bois : l’avantage aux autoclaves et aux saturateurs
Selon l’étude, certains types de bardages semblent gagner la préférence des professionnels comme des particuliers.
En 2019, les bardages autoclaves ou naturels (sans finition) représentaient plus de 70 % des ventes. Les 30 % restants allaient aux bardages avec finition (peintures, saturateurs) dont le marché est principalement tiré par les bardages avec saturateur (+145 % en volumes, depuis 2016).
« Les ventes de bardage autoclave restent majoritaires. Elles représentent plus de 50 % du marché, car ce produit est bien placé en termes de prix et a répondu aux attentes des particuliers, en forte demande lors de la crise sanitaire », relève Jean-Marc Mornas.
En revanche, les bardages peints ne parviennent plus à convaincre. Ce segment accuse une baisse de 27 % en volumes, depuis 2016. Le marché des bardages naturels stagne quant à lui autour des 20 %.
Bardage bois : quelles essences sont privilégiées ?
Côté essences de bois, les bardages autoclaves les plus vendus (plus de 70 %) sont réalisés en Sapin du Nord (2,4 millions de m2 vendus). Le reste étant principalement du Douglas avec et/ou hors aubier et du Pin du Nord ou Pin Européen.
Pour les bardages naturels, le Douglas (60 %) et le Mélèze (34%) sont les deux essences majoritairement vendues, en 2019.
Enfin, pour les bardages avec saturateurs, le Douglas est le plus vendu (37 % en 2019) et en forte progression depuis 2016 (+145 %), suivi par le Mélèze (25-26 %), le Red Cedar (21-22 %) puis l’Épicéa (16-17 %).
Bardages bois : quelles sont les tendances ?
Certains industriels constatent qu’ils font de plus en plus de bardage « sur mesure », « à la demande ». Les projets avec des formats différents, avec des mélanges de finitions, de couleurs sont fréquents et même des intégrations de lumières, souligne l’étude.
Les architectes n’appréhendent plus le bardage comme un simple revêtement de façade mais comme « un élément d’animation de la façade » , « un élément signature ». La demande pour les bardages claire-voie ou faux claire-voie est de ce fait, « très forte » car ils donnent « un aspect plus contemporain aux bâtiments »
En termes de demande, les acteurs du marché, les architectes et distributeurs semblent demandeurs de produits naturellement durables, sans traitement chimique, et de bois locaux, notamment les feuillus.
Un phénomène éclair mais des prévisions positives
Devant l’engouement des Français pour le bardage bois, les professionnels s’interrogent tout de même sur la pérennité de ce phénomène. « Les acteurs du marché estiment que lorsque la crise sanitaire sera réglée, les modes de consommation des ménages vont à nouveau se diversifier et les travaux de rénovation vont diminuer. De fait la demande de bardages devrait aussi ralentir », note Jean-Marc Mornas.
De plus, d’autres facteurs augmentent l’incertitude des professionnels , comme les baisses des mises en chantier et des permis de construire, en 2020, qui pourraient impacter le marché du bardage bois. À cela s’ajoutent les tensions sur les matières premières en 2020, qui génèrent des hausses de prix importantes, susceptibles de ralentir le marché.
Toutefois, le marché peut compter sur deux boosters, pour les années à venir :
- La demande croissante des collectivités locales pour la réalisation de bâtiments avec bardage bois
- L’acceptation progressive du « grisaillement » naturel du bois
Sur ce dernier point, Jean-Marc Mornas précise : « le changement d’aspect du bois est mieux accepté lorsqu’il se fait de façon homogène. Les bardages pré-grisés avec saturateurs reçoivent d’ailleurs un bon accueil et sont demandés par les maîtres d’ouvrage et les architectes ».
Enfin, la RE 2020 est une évolution réglementaire très favorable à l’utilisation du bois dans la construction et, par conséquent, devrait aussi impacter le marché du bardage de façon positive.
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