Les professionnels du bois motivés
En Île-de-France que la construction bois gagne vraiment du terrain, en offrant différents visages, adaptés à la typologie de chacun de ses huit départements. À l’extérieur de la capitale, la construction bois peut se développer à souhait, prendre ses aises sous la forme de maisons spacieuses. Plus on se rapproche de la capitale et plus les superficies des terrains à bâtir rétrécissent. Construire tient alors de l’exploit et la filière réalise des prouesses.
Quand les budgets sont modestes, la surélévation est la solution idéale. Les propriétaires de derniers étages d’immeubles parisiens acquièrent aussi souvent les combles et la toiture afin de créer une surface habitable complémentaire. Ce sont des projets à fortes contraintes : le chantier doit être rapide, relativement discret (il s’agit de ne pas neutraliser la voirie trop longtemps) et propre de préférence.
Là encore, le bois est la solution, comme le confirme Bruce Sangouard/Prescripteur Bois Fibois IDF (ex-FRANCILBOIS) : « C’est incontestable, la construction bois gagne du terrain et pas simplement en maisons individuelles. Il suffit de voir les bâtiments inscrits aux Trophées Bois Île-de-France 2015 pour s’en rendre compte. De plus en plus de bâtiments publics, logements collectifs et tertiaires se font en bois actuellement. Je pense que la part du bois va continuer à augmenter dans les 10 ans qui viennent. D’autant que la filière semble également vouloir s’orienter vers des bâtiments de grandes hauteurs, les IGH. Des associations comme ADIVBOIS* en font notamment la promotion ».
Toujours selon Bruce Sangouard, « les différents acteurs de la construction bois ont compris que le bâtiment passif allait devenir la future norme. Certains s’y sont déjà orientés depuis quelques années, avec la thématique des matériaux biosourcés en tête ».
Si FRANCILBOIS n’a pas encore organisé de formation en habitat passif, l’étude réalisée sur les besoins en formation continue des entreprises a montré que ces dernières souhaitent avoir davantage d’informations/formations sur le sujet, car, pour elles, la RT2020 sera une occasion de valoriser encore plus la construction bois.
Pourtant certains architectes franciliens doutent de l’intérêt de ces normes, peut-être trop exigeantes pour des conditions climatiques qui ne le nécessiteraient pas. C’est une des interrogations de Bruno Fuchs ; cet architecte DPLG, est un convaincu de la maison bois depuis 22 ans.
« Je devrais être satisfait car jamais il n’a autant été question des qualités du bois. Du coup, la consigne est passée de mettre du bois partout. Il faut aussi qu’il soit visible, ce qui signifie faire appel au bardage. Les éco-quartiers en sont la démonstration affligeante. À ce rythme, on peut se demander si les productions des forêts européennes vont suffire. La Finlande a déjà commencé à tirer la sonnette d’alarme : le bois doit avoir le temps de pousser. Et pour bénéficier de ses qualités, il faut qu’il serve à construire l’habitat, pas seulement à le recouvrir ».
Des propos qui font réagir le représentant de l’interprofession francilienne : « Oui, il faut couper des arbres. C’est bon pour la pérennité et la bonne gestion de la forêt, il faut bien garder ça en tête. De plus, il faut bien noter que la superficie forestière française grandit et que la pénurie de ressource est loin de nous menacer… »
Les réflexions de l’architecte portent aussi sur les prochaines règlementations thermiques. « Elles vont dans le bon sens. Si les maisons que je réalise sont en ossature bois, c’est parce que je me suis toujours soucié du confort thermique. La RT 2012 me va très bien. Mais la RT 2020 est-elle vraiment adaptée à nos régions ? Et financièrement, comment feront les primo-accédants pour accéder à ce type d’habitat ? »
Ces interrogations de l’architecte aussi interpellent…
En fin d’année, la ville de Paris rendra son avis sur le projet Baobab, cet Immeuble de Grande Hauteur (IGH) dont les 35 étages viendraient dominer le XVIIème arrondissement. Les projets de Paris 2050 feront la part belle à la construction bois, et cela va-t-il rejaillir sur les départements alentour ? Plus que jamais, la filière de la construction bois est tournée vers l’avenir. Ses professionnels sont déjà dans les starting blocks.
Texte Mireille Mazurier – Serum Presse
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