Aménagement bois, terrasse bois, promenade sur pilotis, pavillon d’accueil en bois et acier… Le parc de la Chute-Montmorency met en valeur la plus haute chute d’eau du Québec. Du haut de ses 83 mètres de haut, elle attire chaque année plus de 800 000 visiteurs. Cela valait bien une petite remise en beauté !
Elle est l’attraction n°1 du Parc. La chute Montmorency, du haut de ses 83 mètres, invite à l’humilité. Pour mettre en valeur la beauté naturelle du site, la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) a missionné l’agence Daoust Lestage Lizotte Stecker Architecture.
Le projet d’aménagement se divise ainsi en deux secteurs : le secteur d’accueil et le secteur de l’Expérience Chute.
Le secteur d’accueil vise la requalification du parcours d’accueil, la reconfiguration et la végétalisation de l’aire de stationnement, l’aménagement de jardins thématiques, l’interprétation et la mise en valeur des vestiges industriels et l’aménagement d’un nouveau pavillon de services.
Le pavillon d’accueil marque le point d’entrée à l’Expérience chute. Implanté sur un terrain en pente douce vers le bassin, le nouveau pavillon est aménagé en respect avec le milieu sensible que représente la rivière et sa flore.
Aménagé en lieu et place d’un poste électrique désaffecté, le pavillon s’offre comme point de repère et de convergence aux visiteurs. Exprimant une troisième dimension dans le paysage de villégiature, sa structure en acier minimaliste, dépourvue de contreventement vertical par l’habile intégration de cadres rigides, met en scène un porte-à-faux s’étirant vers l’eau, soulignant l’horizontalité de la construction et cadrant des vues sur le paysage. Les détails d’assemblage de cette structure ont été étudiés finement pour dissimuler à la fois les contraintes structurales et de drainage de la toiture.
Le complexe d’étanchéité de la toiture est contenu dans l’épaisseur de la structure et est revêtu d’un parement de bois blanchi. Cette matière se réfère au revêtement du manoir historique, qui caractérise le domaine du plateau haut de la chute. La toiture se veut un plan unique et continu ; la pergola du porte-à-faux permet de dessiner au sol un jeu d’ombre et de lumière qui évolue selon les heures et les saisons.
Les trottoirs de bois du sentier nature se juxtaposent au pavillon ; ils sont aménagés sur pilotis pour minimiser leurs emprises sur l’environnement. Le laminage et la tectonique des sentiers de bois s’inspirent à la fois des iconographies d’amoncèlement de billots issus de la drave s’accumulant au pied de la chute, mais également des empilements qui caractérisaient le paysage des moulins à scie au siècle dernier.
La forêt, environnante au pavillon et ses sentiers, est consolidée par la plantation d’arbres et d’arbuste indigènes. Le pavillon d’accueil agit comme une halte permettant aux visiteurs une pause à l’ombre, mais surtout comme une enluminure magnifiant de nouvelles perspectives sur la chute.
Un aménagement bois qui mène à une expérience grandiose
Le secteur de l’Expérience Chute au nord de la voie ferrée, consolide un circuit accessible universellement. Il permet aux visiteurs de s’approcher de la chute. L’aménagement bois boucle un parcours en 4 segments autour du bassin de la rivière :
- La passerelle contemplative en aval du bassin (élargissement et requalification de la passerelle piétonne existante jouxtant le pont ferroviaire).
- Le sentier minéral et son jardin sur la rive est du bassin (requalification et mise aux normes des sentiers et du belvédère en béton aménagés en 1967 ; gestes inspirés du mouvement moderne).
- La passerelle semi-submergée en amont du bassin (aménagement d’une passerelle discrète au fil de l’eau se dissimulant dans le paysage et permettant de s’approcher de la chute et ressentir sa puissance hydraulique ; une véritable prouesse technique). Le sentier nature et son pavillon d’accueil sur la rive ouest du bassin (aménagement bois sur pilotis s’intégrant délicatement au littorale).
- La passerelle contemplative est une section de l’Expérience chute qui, comme l’ensemble du projet, se veut en résonnance au génie du lieu. L’élargissement et la requalification de la passerelle existante qui juxtaposait le pont ferroviaire au-dessus de la rivière sont en réponse à une problématique programmatique.
Pendant la saison estivale, de nombreux groupes de touristes visitent le site et n’ont que quelques minutes pour apprécier le spectacle de la nature. La passerelle piétonne originale d’une largeur de 2m offrait un point de vue privilégié sur la chute et était utilisée comme un lieu d’observation par plusieurs visiteurs créant un engorgement à la circulation des piétons qui traversent la rivière.
L’élargissement de la passerelle à 5.5m en paliers offre aux marcheurs un déambulatoire dans sa partie supérieure, alors qu’un espace belvédère, en contrebas, permet aux visiteurs de s’arrêter, s’assoir et contempler la chute.
La forme et le traitement architectural de la nouvelle passerelle s’inspirent directement de l’esprit du lieu en plus de répondre habilement à de nombreuses contraintes structurales. La forme cherche à créer un dialogue entre nature et architecture. L’horizontalité souligne et magnifie la verticalité de la chute et des falaises. La passerelle cherche à évoquer auprès du promeneur les caractéristiques dominantes de l’iconographie du site ; soit le paysage industriel des moulins à scie du 19e siècle. Elle en évoque le caractère et la mémoire dans une expression sobre et contemporaine.
Le bois comme parement ainsi que le laminage géométrique sont inspirés des empilements de bois et de la drave qui ont caractérisé le paysage passé. Le côté presque qu’immatériel d’un garde-corps en verre trempé ultra-clair et son sabot dissimulé donne tout son sens à la notion de contemplation.
Intervenir dans un site aussi emblématique, vaste et imposant, demande respect et humilité afin que l’expérience de l’utilisateur soit entièrement dédiée à la contemplation et à l’expérimentation de la chute. Les nouveaux aménagements bois réalisés dans le cadre du projet de l’Expérience Chute se veulent un faire-valoir qui met en valeur les beautés naturelles du secteur.
Photos : © Maxime Brouillet
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