Au cœur de la crise sanitaire, les Français ont eu plus de temps pour réfléchir à leur projet de maison bois. Résultat : les carnets de commande des constructeurs en Nouvelle-Aquitaine se remplissent. Pour autant, la filière doit s’adapter, se réinventer parfois pour faire face à cette forte demande, qui fait augmenter les prix, dans un contexte de pénurie de matières premières. Témoignage de Yasmine Serre, gérante de l’entreprise Alaya Maisons Bois.
« Depuis quelques mois, j’ai ajouté une nouvelle corde à mon entreprise en répondant à des projets en ossature bois. Notre spécialité reste bien la construction en madriers, mais les circonstances m’ont amenée à réaliser une maison en ossature bois. Depuis, cette première demande n’a cessé de faire des petits.
J’ai été formée à l’ossature bois, mais j’ai eu un gros coup de cœur pour le madrier. C’est toujours le cas. Mais je reconnais que, pour certains chantiers, l’ossature bois est préférable voire incontournable.
Alaya Maisons Bois : un nouveau virage vers l’ossature bois
Nous venons donc de réaliser une très jolie maison en ossature bois habillée, en façade, de bardage associé à un mur tout en briquettes et de placo-plâtre en intérieur. C’est un mélange de matériaux très réussi. Cette maison m’a permis de prendre un nouveau virage.
Contrairement à toute attente, cette crise sanitaire est porteuse d’une nouvelle clientèle. Nous recevons des demandes de devis en nombre. C’est stimulant, encore faut-il que ces demandes soient sérieuses. Un devis bien fait nécessite en moyenne deux journées de travail pour dessiner, chiffrer le projet. Ce travail a un coût, désormais, il a un prix, même si la somme reste modeste.
La pénurie du foncier est criante
La Nouvelle-Aquitaine est très appréciée, le Bassin d’Arcachon encore plus, pour preuve la rareté du foncier et surtout son coût : 300 000€ pour 600m², c’est totalement dissuasif pour les gens du coin. Et le Bassin est de plus en plus peuplé de résidences secondaires, rarement habitées.
Récemment, j’ai signé un projet de grande maison en madriers, sur un beau terrain, pour une famille nombreuse, à Liposthey, au cœur des Landes. Le couple travaille à Mérignac, à près d’une heure du futur domicile, faute de trouver plus près… Pour les jeunes, les primo-accédants, ce n’est pas le prix de la maison qui est le frein, c’est le terrain.
Les demandes d’agrandissement bondissent
L’une des conséquences concerne directement les constructeurs : les demandes d’agrandissement de maison existante sont de plus en plus nombreuses. Quand on a la place sur le terrain, c’est la bonne solution. Le budget n’est pas celui d’une construction neuve, même si, au m², il est plus élevé. Il y a souvent des murs à casser, des passages à redessiner, des jonctions, des pentes de toit, des rattrapages de hauteurs, chaque projet doit être bien préparé.
Récemment, un jeune couple m’a contactée avec un projet d’extension. Leur maison est en zone inondable, le projet ne pourra se concrétiser que si l’extension repose sur une dalle dont la hauteur dépasse de 30cm le niveau de la route. Ce qui signifie qu’en intérieur, il y aura une marche en la partie existante et l’extension. Ce sont des aléas que l’on ne découvre qu’en prenant le temps d’étudier le projet.
Alaya Maisons Bois veut apporter de nouvelles solutions avec l’ossature bois
L’ossature bois, de par sa préfabrication, son poids, sa maniabilité et la rapidité à être montée, me permet d’apporter de nouvelles solutions là où le madrier ne pourrait intervenir.
Les équipes auxquelles je fais appel pour préfabriquer et monter les maisons sont spécialisées en ossature bois. L’une d’elle est basée en Corrèze, l’autre dans les Pyrénées. Elles emploient du sapin du Nord, dense et bien sec.
Ma démarche n’est pas de faire toujours plus, mais d’avoir un carnet de commandes toujours plein. Pour 2021, si nous arrivons à réaliser tous les projets déjà signés, à obtenir tous les permis déposés, nous aurons du travail jusqu’au mois de décembre. Les projets que l’on accepte maintenant, c’est pour après. Je ne vais pas négliger des lendemains sur lesquels planent encore bien des incertitudes, sanitaires notamment ».
Propos recueillis par Mireille Mazurier – Source : Architecture Bois Magazine N°104
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